DÉCISION du HAUT-CONSEIL
en date du 5 novembre 2009.
« PRIX DE L’ACADÉMIE DU BERRY »
Le Prix « Saint-Jean Bourdin » a été créé avec pour seul objectif de couronner une œuvre poétique. La mission de l’Académie du Berry est de promouvoir les Arts, les Sciences et les Lettres en général ainsi que le patrimoine du Berry dans toute sa richesse. Le Haut-Conseil de l’Académie du Berry a donc décidé de remplacer ce Prix par un nouveau Prix intitulé « Prix de l’Académie du Berry » qui pourra ainsi consacrer des œuvres dans ces différents domaines.
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Prix de l'Académie du Berry
2016
Présentation du Professeur Michel Fardeau
lors de la remise du prix 2016 de l’Académie du Berry,
le 8 octobre 2016, au palais des Congrès d’Issoudun
par Mme Catherine Réault-Crosnier, Présidente du prix de l’Académie du Berry
Nous sommes heureux et honorés d’accueillir le Professeur Michel Fardeau, médecin formé à la neurologie clinique à la Salpêtrière et à la biologie cellulaire à la Sorbonne, Directeur de recherche émérite au CNRS, professeur honoraire au conservatoire national des arts et métiers (CNAM), Membre correspondant de l’Académie des sciences en section « Biologie humaine et sciences médicales » (élu le 22 avril 1996), fondateur et premier Directeur Médical et Scientifique de l’Institut de Myologie.
Le Pr Michel Fardeau a eu une carrière exceptionnelle aussi bien au niveau médical qu’humain. Né en 1929 à Paris, il a un lien avec le Berry, par sa famille paternelle. Il vit en région parisienne (92330 Sceaux) mais revient très souvent en Berry. Engagé au niveau de la vie locale au Blanc, il a été élu du conseil municipal (jusqu’en 2013).
En 1962, il a créé le premier service de recherche microscopique électronique dévolu à la biologie et la pathologie du tissu musculaire dans le laboratoire de neuropathologie de l’hôpital de la Salpêtrière, institut dévolu au muscle et à ses pathologies. Par ses recherches, il a montré l’importance de la cytochimie et de la microscopie électronique pour l’étude et le diagnostic des maladies musculaires, donnant ainsi à la myologie le statut de spécialité à part entière. En 1967 et 1968, il travaille à Washington, dans le laboratoire de W. King Engel puis de retour en France, s’oriente vers les maladies musculaires héréditaires.
Après avoir exercé en tant que directeur de recherche au CNRS à partir de 1977, il crée l’unité de recherche Inserm 153 « Biologie et pathologie neuromusculaires » et la dirige de 1978 à 1993 puis celle intitulée « Développement, pathologie, régénération du système neuromusculaire » de 1994 à 1996. Il s’intéresse aussi aux greffes cellulaires dans le but de reconstruire du muscle à partir de greffes de cellules satellites (1980).
Titulaire de la chaire d’enseignement « Insertion sociale des personnes handicapées » (1987), pour améliorer leur prise en charge, il obtient en 1998, par un concours de circonstances, une chaire d’insertion sociale auprès des personnes handicapées au CNAM, charge qu’il a exercée pendant dix ans. En parallèle de sa vie de chercheur, il a enseigné les problèmes de prise en charge des handicapés, non pas sous un angle médical, mais sous un angle pluridisciplinaire et essentiellement social. Il a été récompensé par de nombreux prix et son travail a été reconnu par des sociétés savantes étrangères qui ont fait appel à lui comme associé. Il a fait partie de plusieurs académies, parmi lesquelles l’Académie des sciences, en qualité de correspondant, et a été membre du Comité consultatif national d’éthique (1986 – 1990).
De 1997 à 2004, il a été Directeur médical et scientifique de l’Institut de Myologie, dédié aux maladies musculaires, à l’hôpital de la Salpêtrière, fondé en 1997 par l’association française contre les myopathies (AFM) en partenariat avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris et l’INSERM dont il a été membre du Conseil scientifique (1982 – 1996) puis président du comité Inserm d’éthique en recherche médicale et santé (2000 – 2004).
Dans le cadre de son travail au conservatoire national des arts et métiers, il réalise en 2002, un rapport sur les personnes handicapées qu’il a ensuite lu au Sénat. Celui-ci s’intitule « Personnes handicapées : analyse comparative et prospective du système de prise en charge ». Ce rapport lui a été demandé par le cabinet du Premier ministre, ensuite relayé par les différents ministres des Affaires sociales ou des ministres dédiés aux personnes handicapées. Il a su trouver les jalons nécessaires à la réussite de son travail, prenant contact avec les conseillers d’ambassade de France à l’étranger et les conseillers dans différentes ambassades étrangères en France. Il s’est alors investi avec ténacité et courage, pour l’intégration scolaire des personnes handicapées, pour leur insertion professionnelle, pour l’amélioration de leurs conditions de vie, pour leur maintien au domicile par exemple avec l’accessibilité au logement, aux autobus… Il s’est basé alors sur l’expérience des pays de l’Europe du Nord où tout est accessible aux handicapés et aussi au Québec. Il a montré que la France avait du retard en ce domaine même si des aménagements commençaient à être réalisés. Dans certains pays limitrophes, pas plus riches que nous, ils ont été rendus obligatoires par une législation bien avant la France, par exemple, feux sonorisés, trottoirs et bus accessibles.
Le Pr Michel Fardeau a voulu que cesse l’insuffisance criante des programmes de développement de la recherche dans le domaine du handicap, que toute personne ait droit à une pleine citoyenneté, en lui donnant les moyens de l’exercer physiquement et mentalement, c’est-à-dire en lui permettant de remplir sa vie de citoyen, pour la construction d’une Europe sociale. Il plaide pour une aide de proximité en particulier à travers des associations. Il relate l’insatisfaction des handicapés non seulement matérielle, mais aussi leur souhait d’être reconnus comme dignes, comme tout le monde d’où le surtitre de son rapport : « Comme nous, comme vous, tout simplement ».
Le Pr Michel Fardeau a été l’invité de France Culture, par exemple en 2007 (le 7 août), pour traiter de « Handicap et Europe sociale » en particulier en référence aux travaux de l’Organisation Mondiale de la santé, des associations de personnes handicapées et des études universitaires. Dans une autre émission en 2007 (le 11 septembre), il a aussi abordé l’histoire du handicap intellectuel ou acquis dès la naissance.
Le parcours professionnel de ce professeur est étonnant, à la fois scientifique par ses recherches, et humanitaire pour son aide auprès des plus démunis. Il se présente lui-même comme « un personnage hybride », « médecin et biologiste fondamental ».
Le Pr Michel Fardeau a édité de nombreux livres (aux éditions Odile Jacob), reflets de son engagement médical et humain. Certains sont co-écrits tels :
– Rencontre de biologie et de pathologie musculaires : Hôpital de la Salpêtrière, Paris, 2-3 novembre 1981. 1982) de François Gros et Michel Fardeau ;
– L’Homme réparé : artifices, victoires, défis de Louis Avan et Michel Fardeau (1988) ;
– Droit au travail et handicap : L’obligation d’emploi entre mythe et réalité.
Nous pouvons citer L’Homme de chair (2005, éditions Odile Jacob), dans lequel le Pr Michel Fardeau aborde le fonctionnement des muscles, leurs terminaisons nerveuses, permettant mouvement, force et résistance. En comprenant mieux les mécanismes d’action des muscles, nous cernons mieux comment agir dans l’espoir d’une guérison.
Parmi ses nombreuses distinctions, il a reçu la médaille de vermeil de la Ville de Paris des mains du maire de la capitale, Bertrand Delanoé et le 15 décembre 2015, la Grande Médaille de l’Académie nationale de médecine pour l’ensemble de sa carrière consacrée à la biologie et à la pathologie du muscle, en particulier en créant l’Institut de Myologie à la Salpêtrière.
Le Pr Michel Fardeau, n’a jamais vraiment pris complètement sa retraite puisqu’il est toujours membre du conseil scientifique de l’Association française contre les myopathies (AFM) et consultant bénévole au Laboratoire d’histopathologie de son successeur, le Docteur Norma B. Romero de l’Institut de Myologie.
Premier Président fondateur du conseil scientifique de l’Association française de lutte contre les myopathies, ce médecin humaniste, a relevé le défi de garder de grandes responsabilités, dès le départ, et a continué à travailler dans ce sens. Il s’est dévoué à la prise en charge des problèmes de maladies musculaires sur le plan somatique et biologique, et également sur le plan social. Il écrit : « il est impossible pour moi de ne pas voir la personne, l’être humain, derrière sa maladie, ses cellules ou ses gènes. »
Oui, nous sommes heureux de remettre le prix de l’Académie du Berry au Professeur Michel Fardeau, humaniste et chercheur reconnu en particulier dans la spécialité de myologie qu’il a créée à la Salpêtrière.
Bibliographie :
http://www.senat.fr/rap/r01-369/r01-36981.html
http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre/Actualite/24-Heures/n/Contenus/Articles/2013/03/19/Le-professeur-Fardeau-a-l-honneur-1376796
http://www.franceculture.fr/personne-michel-fardeau.html
http://www.amazon.fr, livres de Michel Fardeau
http://www.academie-sciences.fr/academie/membre/Fardeau_Michel.htm
http://www.histcnrs.fr/histrecmedcopie/entretiens/fardeau/fardeau-bio.html
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Allocution de remerciement
pour la remise du Grand Prix de
l’Académie du Berry
Madame la présidente,
Vous avez eu la bonté de rappeler que ce Prix n’était pas la première récompense, la première médaille que je recevais. Mais par votre choix – dont je ne connais toujours pas toutes les raisons – vous avez touché quelque chose de très sensible en moi : mon attachement au Berry, je vais essayer de vous en faire partager l’histoire, et la profondeur.
Je suis à cet égard un enfant de la Guerre, de la dernière Guerre. En septembre 1939, notre père, médecin installé à Paris, allait être mobilisé. Il est donc venu nous chercher, notre maman, mon frère et ma sœur, dans la petite localité normande, où nous étions en vacances. Il nous a embarqués dans sa voiture, direction Paris où nous avons passé une dernière nuit dans notre appartement de l’avenue Parmentier. Une halte le lendemain matin dans le Bois de Vincennes me permit de ramasser un marron déjà germé, et quelques heures plus tard nous étions au Blanc, dans la maison de mes grands-parents paternels. J’ai planté le marron. Je n’imaginais pas, personne n’imaginait, que nous allions rester cinq ans au Blanc.
J’ai donc été inscrit pour la rentrée scolaire 1939, au collège du Blanc. Ce collège n’avait pas une grande réputation. On disait même que c’était l’avant-dernier collège de France, celui de Saint-Flour étant parait-il, encore pire. Mais la guerre allait bousculer comme beaucoup d’autres institutions, ce vieux collège. Sa population va doubler, ou peut-être même tripler, avec l’arrivée des « réfugiés ». Et le corps professoral va être bouleversé et bien sûr enrichi. C’est ainsi que j’ai bénéficié des meilleurs professeurs que l’on puisse imaginer.
Laissez-moi en citer quatre. En sciences naturelles, un homme charmant et très cultivé, Monsieur Bonneville, en mathématiques et en physique, un couple (« les Roffi »). Elle, professeur intraitable et redoutée en mathématiques, lui, jeune chercheur en piézoélectricité, chassé de son université de Clermont par l’arrivée des Alsaciens de Strasbourg, devenu professeur dans ce modeste collège pour gagner sa vie. C’était également une terreur, en particulier pour les élèves des classes littéraires et parmi les « matheux », il en choisissait chaque année un, pour l’envoyer à Polytechnique – l’école où il n’avait pu aller. Cette année là, en seconde, ce fut moi. Je fus donc initié non seulement à la physique mais à la résolution des problèmes difficiles de Concours Général et au travail manuel. Ma vocation de chercheur et sans doute née là, à treize ou quatorze ans, dans l’atmosphère enfumée de ce laboratoire de physique-chimie. Le quatrième est mon professeur de français, latin, grec, arrivé en 1943 au collège du Blanc, qui tranchait par son allure avec les autres professeurs : le regard perçant, les cheveux noirs et drus, il devint presque instantanément notre Dieu. Nous lui dédiions poèmes et dictionnaire. Et son prestige fut multiplié au centuple lorsque nous découvrons, au premier défilé de la libération de notre ville, qu’il était assis dans un side-car derrière un fusil mitrailleur. Jacques Parpais était résistant, il fut d’ailleurs agent de liaison, à vingt ans, du premier parachuté en France du SOE anglais.
Voila pour ma formation scolaire. Notre papa disparut à la fin de la guerre. Il était un grand résistant, l’un des premiers sans doute, à entrer dans les rangs de l’Armée Secrète dans une région – celle du Blanc, qui fut une région de haute résistance, par la proximité de la Brenne et la proximité de la ligne de démarcation. Ma maman resta donc seule au Blanc sans grandes ressources, autre que son activité de couturière, avec mon petit frère et ma petite sœur. Pour moi, je remontais en 1946 seul à Paris, et je désobéis à mes professeurs de mathématiques et de physique, inscrit pour entrer en hypotaupe au lycée Saint-Louis. Je suis allé me mettre dans la queue des inscriptions au PCB : j’avais décidé de faire médecine.
Ce furent des années de grande excitation intellectuelle. Le Saint-Germain des Prés de la libération. Les études de médecine, avec ma formation en physique et en mathématiques, me parurent d’une déconcertante facilité. Arriva le 20 octobre 1949, j’allais avoir vingt ans. Ma maman qui avait pu ouvrir avec sa sœur une maison de couture près des Champs-Élysées, me proposa son atelier pour y faire la fête. J’y invitais tous mes collègues externes du Service Mondor, j’étais déjà dans la Salpêtrière. Mais, sauf une, c’étaient tous des garçons. Il me fallait trouver des filles. Je décidais alors de retrouver la petite fille avec laquelle j’avais passé les vacances au bord de la mer, avec laquelle nous avions participé aux mêmes fêtes, et avec laquelle je jouais les après-midis au square Parmentier au cœur du XIe arrondissement. Je me souvenais qu’elle habitait rue de la Roquette. Et ce jour, ce 20 octobre, je retrouvais non seulement Michèle mais sa maman, sa tante, son papa. J’avais une nouvelle famille. Le coup de foudre. Je suis d’ailleurs allé annoncer aussitôt à mes camarades de sous-colle – je commençais à préparer l’Internat – qu’une catastrophe était arrivée : j’étais amoureux. Et Michèle fille et Michel garçon ne se sont plus quittés.
Quelques années plus tard, l’Internat accompli, je me suis engagé au CNRS, dans la recherche, comme je m’étais promis de le faire. Mes maîtres d’alors en sciences et en neurologie, m’ont orienté vers le système musculaire, un domaine médical en complète déshérence depuis un siècle et demi, alors qu’il était né à la Salpêtrière. Quoi de plus attirant pour un jeune chercheur d’autant que ce domaine, avec de nouvelles techniques, commençait à se réveiller outre-Manche et outre-Atlantique. Ayant eu la chance d’être formé à la microscopie électronique, et envisagé de monter une petite équipe de recherche, je m’installais avec un ingénieur et deux techniciennes dans le grenier d’une vieille division de la Salpêtrière. Et les résultats novateurs arrivèrent très vite, l’équipe s’étoffa, le laboratoire occupa bientôt tout le premier étage de la Division Risler, et connut vite une bonne notoriété internationale. Les États-Unis, la venue un soir dans ce grenier des représentants d’une toute jeune association de malades atteints de maladies neuromusculaires, autour de Bernard Barataud et ce fut le début d’une aventure qui se développe encore aujourd’hui, celle de l’AFM et la renaissance d’une discipline médicale orientée vers cette pathologie, la myologie. Vous l’avez rappelé, madame la Présidente, il est donc inutile d’y revenir.
Laissez moi dire seulement en conclusion qu’une des morales de cette histoire c’est que la vocation de chercheur nait généralement très précocement et que finalement, je suis resté fidèle à ma promesse, pas seulement vis-à-vis de mes professeurs du collège du Blanc, mais à ma promesse de jeune scout que j’ai prononcée à l’âge de dix ans au Bois de la Botterie, à la porte du Blanc. Je crois me souvenir que l’on dit « d’abord servir », je crois que l’on ajoutait Dieu et son prochain. Pour Dieu, il me faudrait un autre long discours. Pour mon prochain, je crois n’avoir pas trop failli à ma promesse.
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Prix de l'Académie du Berry
2015
Présentation de Rémi Maillard
lors de la remise du prix 2015 de l’Académie du Berry,
le 24 octobre 2015 à Saint-Amand-Montrond
par Mme Catherine Réault-Crosnier, Présidente du prix de l’Académie du Berry
Artiste Maître-laqueur et décorateur de renommée internationale, Rémi Maillard est devenu un vrai Berrichon, puisqu’il réside à Aize (Indre) où il a son atelier ; vous pouvez le rencontrer, le samedi et le dimanche, en Sologne, dans sa coquette boutique, à Nançay (Cher) au
n° 5, route de Vierzon, à l’enseigne « ART’S & DECO », jouxtant sa galerie « Prométhée », où nous pouvons découvrir des objets rares et merveilleux pour la décoration de la maison.
Peintre décorateur de formation, styliste de mode pour la haute couture, il a travaillé pour de grands noms comme Ted Lapidus, Popy Moreni, Fath, Castelbajac… Il a aussi conçu neuf grandes toiles de quatre mètres de hauteur, pour le musée du Cirque à Vatan (Indre). Il a participé aux décors du film Vatel « Le cuisinier du Roi », et de nombreux décors lui ont été commandés.
Dès 1982, il découvre la laque, matière de substance animale ou végétale, qui permet des effets lumineux étonnants et nécessite une grande maîtrise. Très doué et très consciencieux, il recherche la perfection, créant des œuvres de grande qualité.
Après un long apprentissage, ponctué de séjours en Extrême-Orient et de stages dans les ateliers chinois de Paris, il parfait sa pratique en même temps qu’il approfondit des documents anciens, et notamment toute la bibliographie relative à l’Art du Laque, sans oublier les visites permanentes dans les Musées, pour avoir une vision globale de cet art.
Il s’investit encore plus dans cette voie artistique après avoir rencontré le grand laqueur d’art déco, Bernard Dunand, fils aîné de Jean Dunand, le grand Pape de la Laque du XXème siècle.
Très rapidement, il présente de nombreuses œuvres et les expose en France et à l’étranger. En mars 1991, il est distingué par l’UNESCO à Paris, où il expose, salle Miro, une vingtaine d’œuvres. Chaque année depuis 1992, il réalise plus de trente expositions en France, en Europe, et même aux États-Unis. Son but est de redonner vie à cet art.
En avril 1994, il rencontre donc, Bernard Dunand, laqueur, à la mémoire duquel son exposition avait été dédiée, au Centre Culturel Michel Simon, à Noisy-Le-Grand. Son talent est alors unanimement reconnu.
En octobre 1995, il est l’invité d’honneur lors d’une grande exposition à Limoges (Haute Vienne) au Pavillon du Verdurier ; Mme Yoshida Kuniko, attachée culturelle auprès de l’ambassade du Japon, lui fit l’honneur de son déplacement, et admira en autre, parmi plus quarante œuvres, sa fresque en laque de 4 m de largeur x 4 m de hauteur, en gravure Coromandel, dorée à la feuille d’or : l’une des techniques les plus rares aujourd’hui, alors que cette même technique fut en vogue au 18ème siècle.
En avril 1996, sa notoriété est une nouvelle fois confirmée, lors d’une exposition à Antibes. Il réalise alors des objets d’arts de prestige, commandés par Monsieur l’architecte-conservateur du Palais Grimaldi à Monaco, et des trophées pour le groupe Ferrari en autres…
Il a reçu de nombreuses distinctions et honneurs bien mérités : médaille d’argent aux Artistes Français, nombreuses médailles d’or, Grand Prix Régional des Métiers d’Art, Prix des arts appliqués, et médailles d’or dans de nombreuses villes de France. Il a été aussi honoré par la Royal Academy à Londres, la Société Nationale des Beaux Arts. Primé au Japon, ses œuvres y sont collectionnées…
Rémi Maillard a réussi à adapter l’ancien procédé de laquage chinois sur volume en respectant les origines très anciennes de la laque, datant plus de huit mille ans, en Chine puis codifié et sublimé au Japon. Il est ainsi devenu un spécialiste de la laque de Chine et du Japon, alliant création et tradition, donnant un souffle personnel, contemporain non figuratif.
Des travaux prestigieux bien spécifiques à sa technique lui sont demandés, décors, dorures à la feuille d’or et d’argent, restauration, meubles peints, patines, trompe l’œil, etc.
Toutes ses créations sont faites à la main sur support bois et autres supports. Il utilise des procédés traditionnels ancestraux : mise en forme du support, entoilage et encollage, enduits, imperméabilisation du support, mise en teinte, pigments minéraux en poudre, vernis flatting passé à la brosse de soie, mise en place des décors dont certains incrustés de coquilles d’œuf et de nacre (techniques les plus abandonnées des laqueurs).
La technique de la laque nécessite beaucoup de patience. Il faut minutieusement poncer la pièce puis après ces divers ponçages et polissages, des laquages successifs, après des mois de travail et d’efforts, des temps de séchage et de repos, l’œuvre est lustrée pour obtenir profondeur et brillance.
Son art souvent abstrait nous emporte dans un univers lumineux et harmonieux.
Citons parmi ses nombreuses et prestigieuses expositions personnelles de par le monde :
– celle à l’UNESCO en 1991, comme précisé ci-dessus ;
– au Palais du Sénat à Paris en 2010 ;
– au Château d’Eau / Château d’Art à Bourges en 2011 ;
– au Musée-couvent des Cordeliers à Châteauroux au printemps 2014 ;
– au Château de Valençay pendant l’été 2014 ;
– en février 2015, sa participation au salon Régional des Métiers d’Art à Orléans ;
– sa participation aux journées Européennes des Métiers d’art, en mars 2015.
Invité par la ville de Rambouillet et par Monsieur Gérard Larcher, Président du Sénat, Rémi Maillard a présenté ses nouvelles créations au Palais du Roi de Rome du 30 mai au 30 août 2015, dans le cadre de son exposition exceptionnelle « Transparences et lumières ».
Des films ont été réalisés sur son art et ses expositions, en particulier « L’Âme du Laque » (au Sénat en 2010), « Art et matière » (Bourges 2011), un documentaire « Travail en atelier » (printemps 2014), « Laques et Lumières » en 2014 (concernant l’exposition au Musée-couvent des Cordeliers à Châteauroux.
Un très récent portrait a été réalisé par les équipes de France-Télévision /France 3 National et diffusé sur les chaînes.
Rémi Maillard écrit : « La laque est une école d’humilité, de patience, d’équilibre. L’amour du travail bien fait, de l’exception et de l’unique. »
Rémi Maillard a su transformer les objets créés par ses soins, en œuvres admirables. Il est l’un des derniers grands maîtres de la Laque, technique exigeante qui demande un travail d’excellence, c’est pourquoi à l’unanimité des membres du Haut Conseil de notre académie dirigée par notre président, M. Alain Bilot, vous avez été choisi comme lauréat du prix 2015, au vu de votre travail et de votre art exceptionnel, connu dans le Berry et dans le monde entier.
Site Internet : remimaillard.com
Remerciements de M. Rémi Maillard
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis de l'Académie du Berry,
En cette séance solennelle d’automne de 2015, je vous adresse mes plus vifs remerciements, pour m'avoir sélectionné tout d'abord, pour ce Prix de l'Académie 2015, qui m'est décerné .
Ainsi que pour tous ces éloges me concernant.
Je vous exprime donc toute ma reconnaissance et ma gratitude.
Je remercie tout particulièrement Michel DELAUME, que je retrouve aujourd'hui, et avec qui, j'ai pu échanger de nombreuses fois ;
Michel, toujours discret, m'avait d'ailleurs fait état brièvement, de cette belle Académie du Berry ; mais j'avoue ne pas y avoir prêté d'avantage attention ; quelle fut ma surprise, de découvrir le mail de Madame Catherine REAULT CROSNIER, m'ayant annoncé ma sélection.
Je mesure aussi, ce long voyage de ma vie, que j'ai parcouru, ( voyage, qui me paraît si court, aujourd'hui), car, si, Maître en ce métier - je suis ; tout est encore à redécouvrir ; et apprenti, toute notre vie, nous sommes.
Ce beau voyage, au cœur de la laque, je le dédie à Monsieur SEIZO SUGAWARA, ce jeune laqueur japonais, de 18 ans, qui arriva en FRANCE, en 1898, avec une délégation japonaise, pour l'exposition universelle de 1900, à Paris.-
Il initia à la laque une Irlandaise, Eileen GRAY, avec laquelle, il a ouvert une école ; elle fut sa première élève, son nom restera indissociable à celui d' Eileen GRAY.
Malheureusement, trop avant-gardiste, le travail d' Eileen GRAY fut reconnu sur le tard.
Monsieur SEIZO SUGAWARA initia ensuite, le grand Jean DUNAND, dinandier, dont le nom restera marqué avec le style naissant de l'époque « Art Déco » ;
Monsieur SEIZO SUGAWARA s'est éteint en 1940, telle une ombre à l'âge de 60 ans ; malheureusement peu d'archives – voir pas du tout – le concerne.
Qui suis-je donc ?
Lorsqu'à 14 ans, je quittai ma Normandie natale pour apprendre et engranger ce que devint ma vie ; ces moments de solitude et de douleur me permirent de renaitre et
de devenir l'homme nouveau, dont parle LOUIS CLAUDE DE St. MARTIN, Philosophe-mystique du 18ème siècle....
J'étais loin de m'imaginer de venir m'installer et vivre en Berry ;
De GISORS (Eure) où je suis né, puis Montjavoult, Rennes, Quimper, Combrit Saint-Marine (Finistère), puis Kermabeuzen (couvent des Franciscains) où à 22 ans, j'y entrais – le temps du noviciat, le temps de penser mes blessures, le temps d'une transformation en profondeur, pour, ensuite, un an plus tard, partir vers d'autres horizons....
La Turquie, puis PARIS, la capitale, qui m'ouvrait ses bras....
Paris, capitale de toutes les folies, de tous les dangers, aussi. Après, bien des petits boulots, j'ai travaillé, comme sous-traitant, pour Ted Lapidus, et pour les plus grands noms de la Haute Couture, et le Moyen-Orient.
C'est avec mes collègues, Odile FAVARIO et Paulette BONIZEC, avec qui, nous partagions un local dans le quartier de la Bastille, que les collections défilaient au fil des saisons....
Lors de ma rencontre avec Paulette BONIZEC, je compris que mon destin allait basculer, pour m'orienter vers la laque – je compris à la seconde, lorsque je vis entrer cette petite bonne femme énergique, avec son accent méditerranéen, et coiffée comme nulle autre, que mon chemin artistique serait lié au sien.
En effet, Paulette BONIZEC était aussi laqueur, et professeur de dessin ;
Avec le recul, mon ressenti se révélait juste ;
Aujourd'hui, Paulette est âgée de plus de 80 ans ; elle travaille toujours, et me téléphone très souvent ; et à son tour, me demande des conseils, pour restaurer des laques retrouvées chez les antiquaires !
Je louais, alors, un petit studio inoccupé au dernier étage d'un immeuble dans le 16ème arrondissement – rue de Passy - avec la complicité de la concierge de l'immeuble, où j'ai pu y réaliser mes premiers panneaux laqués ;
Devenu parisien, il m'arrivait d'aller diner, quelquefois “au Petit Quincy” où l'on y dégustait quelques spécialités du Berry, sans savoir – à l'époque- où géographiquement se situait cette province ; le destin se chargeant de me la faire découvrir.
Quelques années plus tard, je louais une maison à ORCAY (Cher), tous près de
Nançay ; où le garage devint mon atelier, le week-end.
En 1991, ce fut l'achat de ma maison actuelle à AIZE (Indre), où tout allait changer.
Qu'il est loin ce temps, où j'envahissais toute sa surface en atelier, dans l'attente de la réalisation des travaux de restauration, que je réalisai chaque week-end ;
Ce lieu devint mon hâvre de paix, où je m'y ressource, où je vis, où je travaille, où la terre est venue mienne ; ses vallons et ses bois ont été pour moi, ma guérison, et ma force ; aujourd'hui, mon sanctuaire.
En 2004, à Nançay (Cher), je crée en parallèle, avec ma boutique de décorations pour la maison à l'enseigne “ Art's & Déco”, ma propre galerie à l'enseigne “Prométhée” ;
Depuis toutes ces dernières années, je présente mes créations nouvelles dans le cadre d'expositions personnelles à Paris, Bourges, Châteauroux, Orléans, le château de Valençay ; et tout récemment, à Rambouillet, où le deuxième personnage de l'état m'a permis de réaliser une très grande exposition au Palais du Roi de Rome – Monsieur Gérard LARCHER ayant pris le temps de visiter à mes côtés, cette exposition repré-sentant 7 années de travail.
Ce beau métier de laqueur, je regrette de vous en offrir uniquement la résultante, le produit fini ; car, le plus beau pour moi, c'est sa naissance, avec ses difficultés, parfois même ses souffrances ;
Métier d'intimité, de surprise, de découverte, que l'on ne peut percevoir et comprendre, qu'en le pratiquant ;
Métier alchimique, la matière au fil des mois se transforme, s'enrichit, s'illumine vers
cette lumière, qui la définit et dont elle a besoin pour vivre, et pour exister – cette lumière qui fait sa vie, mais, qui est aussi le miroir de celui qui l'a conçue, polie au fil du temps et de la patience ;
Métier de contemplation, qui, par sa rigueur, ses mouvements répétitifs, par le choix du silence, m'ont permis de retrouver cette intériorité méditative du monastère, et a fait pour moi, de ce métier, un support d'éveils, où le meilleur de l'humain se révèle:
“Chercheur de Lumière” ;
Ce métier, malgré tout, est en danger : il fut un métier d'homme, car très physique ; les femmes, aujourd'hui, qui l'ont adopté, sont en majorité, attirées par son lustre, sa brillance, son luxe, son prestige ; pour celà, elles sont allées à la facilité, en abandonnant les techniques fondamentales du métier ;
La nouvelle génération, par dépit pour la tradition, innove dans sa recherche, mais en fait un tout autre métier, qui ne correspond plus à celui d'origine.
Nos institutions sont sourdes et ont oubliées, qu'avec la deuxième guerre mondiale,
l'élan de la créativité n'a pas connu l'essort mérité ; car, à cette époque, la FRANCE
comportait les meilleurs décorateurs, créateurs, ébénistes, designers qui utilisaient la laque – 1920 / 1930 ayant marqués une empreinte dans les arts décoratifs ; et dont je suis l'héritier.
Quoiqu'il en soit, je resterai fidèle défenseur des traditions, du savoir-ancestral, par ses techniques dans la création contemporaine, car le chemin nous a été traçé avant nous, par d'autres laqueurs, qui, avec la même passion, ont expérimenté.
Sans SEIZO SUGAWARA, Eileen Gray, Jean Dunand, je ne serai pas laqueur aujourd'hui, et je ne peux, qu'humblement, les en remercier, et leur dédier cette journée.
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Prix de l'Académie du Berry
2014
à M. Jean Mauret, le samedi 11 octobre 2014
Présentation par Catherine Réault-Crosnier, Présidente du prix de l’Académie du Berry,
Fils et petit-fils de maître-verrier, Jean Mauret a créé son propre atelier à Saint-Hilaire-en-Lignières en 1969 à l’âge de vingt-cinq ans, dans un ancien Prieuré acheté sur un coup de cœur avec son épouse. Cet édifice devint leur lieu d’habitation et de travail. C’est comme si cette grande maison inhabitée depuis plus de soixante-dix ans qui jouxte l’église, lieu de spiritualité, les attendait.
Jean Mauret ne croit pas au hasard.
Après un début, seul dans son atelier, il forme quelques ouvriers qui vont l’aider pour les différents travaux de restauration parmi lesquels les vitraux XIIIème des cathédrales de Bourges, Chartres, Lyon, Poitiers… les vitraux XVIème de Brou…
Jean Mauret participe à de nombreux concours parmi lesquels un projet sur deux sera réalisé, ce qui montre l’intérêt des jurys pour l’originalité de son œuvre. C’est ainsi qu’il place ses vitraux contemporains non figuratifs dans environ cent-quarante églises principalement romanes, dans un esprit d’intégration à l’architecture et en tenant compte du rôle de la lumière et du sens spirituel à donner à l’espace intérieur.
Dès les premières années de son installation, Jean Mauret fait également de la sculpture, pratique qu’il a abandonnée pendant trente-cinq ans pour s’y remettre, il y a trois ans, en incluant la couleur comme dans certains de ses vitraux.
En 2009, il crée près de son atelier, La Grange aux Verrières (www.grange-verrieres.com). Là encore, il a agi par intuition, achetant une ancienne grange sans savoir ce qu’il en ferait mais sûr de sa décision. Elle est devenue aujourd’hui un lieu d’exposition et de mise en valeur de ses vitraux mais aussi un moyen de faire connaître d’autres artistes contemporains, maîtres dans l’art du vitrail.
Durant la saison 2014, l’exposition de La Grange aux Verrières à Saint-Hilaire-en-Lignières a mis à l’honneur Claude Baillon, Maître-verrier à Millau
Le côté technique de son travail :
À partir d’une maquette, la réalisation d’un vitrail se fait en suivant plusieurs étapes à commencer par l’agrandissement d’un carton à taille réelle, le calibrage des pièces, la coupe des verres à partir d’un choix de verres qui ont été préalablement choisis et souvent retravaillés par cuisson et application de jaune d’argent. Les verres peuvent être colorés dans la masse ou plaqués, ce qui permet un travail de la lumière et de la couleur par une technique de gravure.
Les verres sont ensuite assemblés avec du plomb.
Sa démarche artistique :
Jean Mauret veut donner sens à la matière, proposer un contenu spirituel qui puisse interpeller le passant, l’amener à une réflexion approfondie et aller à l’essentiel.
Il pense que l’artiste doit être conscient de sa responsabilité vis-à-vis de son œuvre et des conséquences sur ses contemporains. Il refuse de se centrer sur sa propre personne et veut apporter de la lumière, de la réflexion, de la paix, de la sérénité à travers ses œuvres pour ouvrir l’esprit.
Maître verrier de la lumière, filtrée ou libérée, Jean Mauret ne propose pas d’images. Il cherche un certain équilibre dans ses compositions qu’il veut non-figuratives et plutôt orthogonales. Il crée des bandes strictes, pour donner de l’énergie, de la verticalité et produire des émotions fortes par le rythme. Il déstructure le vitrail pour laisser place en priorité, aux couleurs, pour ouvrir à la prière. Il s’oppose à la saturation d’images du monde actuel qui emprisonne notre vision, notre liberté, notre pensée. Il tend vers la sobriété, vers le dépouillement qui rejoint d’une certaine manière l’art roman, vers une spiritualité ouverte et non dogmatique.
Ses vitraux représentent différentes facettes de son élan créateur et sont répartis dans toute la France, en particulier :
- église de Nohant (Indre), crypte de la cathédrale de Bourges (Cher) (en 1985) ;
- église d’Issoire (Puy-de-Dôme) (en 1989) ;
- église d’Ardentes (Indre), église de Condé (Cher) (en 1992) ;
- cathédrale de Chartres (1992 à 1995) ;
- prieuré de Villesalem en 1993 ;
- église de Saint-Benoît-du-Sault (Indre), église d’Aubigny-sur-Nère (Cher) (en 1997) ;
- rotonde de la basilique de Neuvy-Saint-Sépulcre (Indre) ;
- église de Faye-la-Vineuse (Indre-et-Loire) (en 2007) ;
- église de Saint-Baudel (Cher) (en 2008) ;
- chapelle du lycée Jacques Cœur à Bourges ;
- chapelle Sainte-Catherine à Fontevraud (en 2009).
Il réalise également des vitraux en collaboration avec des peintres :
- cathédrale de Nevers avec le peintre Gottfried Honegger ;
- abbaye de Noirlac (en 1975-1976) avec le peintre Jean Pierre Raynaud ;
- funéraria de Perpignan (en 1998) avec la femme peintre Shirley Jaffe ;
- cathédrale de Blois (en 1994) avec le peintre jan Dibbet’s.
Jean Mauret a édité deux livres sur son travail :
- Jean Mauret, Vitraux (1970 – 2000) (90 pages, 2001)
- et Le vitrail de Jean Mauret par Georges Mérillon (94 pages, 2011).
Au début de 2014, il a gagné avec deux autres maîtres verriers, le concours d’un grand chantier pour la réalisation de nouveaux vitraux à la cathédrale de Lyon, haut lieu de culte. Il avait déjà réalisé une création en cette même cathédrale, il y a vingt-cinq ans, ce qui est une reconnaissance supplémentaire de la qualité de son travail.
En conclusion : par ses vitraux exceptionnels, Jean Mauret, berrichon d’adoption, est un grand créateur au service de l’art et de la spiritualité. Nous voulons le récompenser aujourd’hui, pour son travail et nous sommes heureux de lui remettre le prix de l’Académie du Berry 2014, pour son engagement artistique avec toutes nos félicitations.
Je termine par les paroles de l’artiste, inscrites en frontispice sur un bandeau de bois dans La Grange aux Verrières : « Chaque vitrail est une quête de lumière. »
Le prix 2014 de l’Académie du Berry est remis à M. Jean Mauret,
par Mme Catherine Réault-Crosnier, Présidente du prix de l’Académie
et par M. Alain Bilot, Président de l’Académie du Berry.
* * *
M. Jean Mauret prend alors la parole. Il remercie l’Académie du Berry et nous présente sa démarche artistique, basée sur le rôle de la lumière et de la transparence, puis ses recherches et réalisations sous la forme d’un diaporama sur son travail depuis 1970. Nous pouvons y découvrir toutes les variations entre des vitraux colorés et d’autres qui tendent à la monochromie suivant les périodes, toujours dans une recherche d’harmonie et de spiritualité. Le plein cintre de l’art roman qui propose une circulation entre la Terre et le Ciel, lui convient tout à fait pour y insérer ses vitraux. Il pense que : « Le vitrail doit interpeller l’esprit ».
Nous pouvons voir notamment les vitraux pour la basilique de Neuvy-Saint-Sépulcre où l’emploi ponctuel de verres blancs opaques permet de rétablir le plan des baies et de rééquilibrer l’architecture. Mais aussi ceux de Montlouis (Cher) avec leur aspect décalé, ou encore l’esprit sobre et monochrome des vitraux du Prieuré de Villesalem… et beaucoup d’autres réalisations.
Pour terminer, il nous présente son lieu d’exposition, La Grange aux Verrières, avec ses vitraux et ses dernières sculptures polychromes.
Il nous informe de la réalisation en cours d’un ensemble de seize baies dans les transepts de la cathédrale Saint Jean de Lyon, suite à un concours gagné en 2013 avec deux autres maîtres verriers ; projet commun où se côtoient trois démarches différentes et complémentaires.
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Académie du Berry
2013
Séance solennelle du 13 avril 2013 au château de Valençay (Indre)
Remise du prix annuel de l’Académie 2013, à Laure Mandraud
Allocution de Madame Catherine Réault-Crosnier, Présidente du prix.
En 2013, nous récompensons le travail de Laure Mandraud qui a créé en 1997, « Prométhéâtre », une compagnie professionnelle au répertoire allant du théâtre classique aux œuvres contemporaines. Laure Mandraud met aussi à l’honneur le Berry et plus particulièrement George Sand qu’elle sait faire apprécier de tous, y compris du jeune public.
Lors de la remise du prix annuel de l’académie du Berry 2013 Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix, et Laure Mandraud lauréate 2013
Sa biographie
Laure Mandraud a des attaches berrichonnes profondes. Par sa famille tout d’abord, sa mère étant née à Aigurande et son grand-père paternel à Crevant. Son enfance fut marquée par des vacances très régulières en Berry près de Chassignolles où ses parents, marquant par là leur attachement à leurs racines, avaient acquis une maison un an après sa naissance. Avec un père très sensible à la notion d’héritage culturel, épris d’architecture, de littérature (il lui fit découvrir George Sand et le théâtre), Laure a grandi dans la découverte d’un terroir qu’elle a appris à apprécier. À treize ans, elle est reçue à la Société des Gâs du Berry en tant que vielleuse et danseuse ; cette expérience jouera un rôle déterminant dans sa vocation théâtrale. En effet, cette société montait chaque été, un spectacle théâtral mettant en scène un roman de George Sand dans la cour des communs du Domaine de Nohant. C’est ainsi qu’elle fit ses débuts au théâtre, dans le rôle de Brûlette, l’une des héroïnes des Maîtres Sonneurs. À Nohant également, elle rencontra Jean Darnel, directeur artistique des Fêtes Romantiques, qu’elle côtoyait dans le cadre de ses fonctions d’hôtesse d’accueil dans le bureau de Tourisme de Nohant, mais qui devait quelques années plus tard la promouvoir lauréate de l’IPJA (Insertion Professionnelle des Jeunes Artistes).
Laure Mandraud, sitôt son Baccalauréat littéraire obtenu, part faire des études de droit et d’anglais à l’Université François Rabelais de Tours tout en entrant au Conservatoire d’Art Dramatique où elle obtient son diplôme avec mention. Ensuite, tout en poursuivant ses études à Tours, elle continue sa formation théâtrale à Paris, au Centre Américain sous la direction de Paul Weaver et de Blanche Salant avant d’entrer comme élève puis comme assistante au théâtre de la Forge Royal, dirigé par Edgardo Lusi.
En 1984, elle revient à Tours et fonde le Petit Théâtre qui accueille enfants, adolescents et adultes pour s’initier et se perfectionner en théâtre. Parallèlement, elle commence sa carrière de comédienne tout en continuant à se former à la Scène Nationale d’Angers et rencontre en 1985 Michel-Jean Robin qui la met en scène dans un texte de Guy Suarès, « le souffle court ».
Ce dernier l’incite à choisir entre une carrière d’actrice et de metteur en scène. Laure Mandraud qui a rédigé une maîtrise d’anglais sur la dramaturgie du théâtre pré-élisabéthain et qui se passionne pour cette discipline, choisit la mise en scène. En 1990, avec la troupe du Charivari théâtre, elle inaugure avec la Nuit des Rois de Shakespeare, une longue série de mises en scène qui la conduisent dans des lieux prestigieux : le Château de Chambord, en 1996, où sa troupe interprète « La Comtesse d’Escarbagnas » de Molière pour les vingt ans de l’été culturel du Loir-et-Cher ou à l’Opéra Bastille, en 1994, pour une représentation exceptionnelle de « l’Assemblée des Femmes » d’Aristophane à l’occasion de la célébration du 50ème anniversaire du droit de vote des femmes, en présence de Lucie Aubrac et d’Yvette Roudy.
Parallèlement à son travail de mise en scène, elle assure des ateliers autour du théâtre et de l’expression en tant que chargée de cours à l’Université de Tours à l’UFR d’Anglais et au CFMI (Centre de Formation des Musiciens Intervenants), où elle exerce encore actuellement. De 1994 à 2004, elle montera dix œuvres de Shakespeare en anglais avec les étudiants dans le cadre de la troupe universitaire « Les Artistanneurs ».
En 1997, Laure Mandraud fonde « Prométhéâtre » dont le siège social se situe 86 bis, rue Courteline à Tours. Elle en assure la direction artistique tout étant comédienne et metteur en scène. Dans ses premières créations, Laure choisit de donner sa chance à de jeunes scénographes et de jeunes artistes sortis du Conservatoire avec lesquels elle monte trois spectacles, dont une adaptation de la Cousine Bette de Balzac pour le théâtre. Elle aura ensuite le plaisir d’en donner une représentation au théâtre Maurice Sand de La Châtre. Soutenue dès l’origine dans son travail de création par le Conseil Général d’Indre-et-Loire, elle propose un travail de sensibilisation au théâtre et à la lecture pour les élèves des collèges. Cette action donnera lieu à une mission renouvelée tous les trois ans jusqu’à aujourd’hui. La compagnie reçoit régulièrement des commandes de la part du Conseil Général pour l’animation des Monuments départementaux à Saché et au Prieuré de St Cosme à La Riche, près de Tours. Personnellement je me rappelle de son spectacle sur Ronsard et Louise Labé dans ce lieu romantique où Ronsard a terminé sa vie et pour lequel elle avait revêtu un costume Renaissance de toute beauté.
Elle crée et interprète de nombreux spectacles tant pour les adultes que pour les enfants. Passionnée de littérature, elle compose des récitals et des ballades littéraires autour de thèmes, de poètes et d’auteurs aussi divers que Ronsard et Louise Labé, Balzac, George Sand, Victor Hugo, Colette… ou le philosophe Descartes. Elle met son art de comédienne au service des plus jeunes et de la littérature jeunesse en proposant des heures du conte et des créations pour les enfants de trois à douze ans, notamment en milieu rural. Son travail, en direction du jeune public l’a amenée à participer pendant trois années consécutives au prix littéraire ESCAPAGES organisé par l’Association départementale Aladin. Elle a ainsi composé trois spectacles pour les enfants des maternelles de l’Indre pour lesquels elle a sillonné le département jusque dans les plus petites communes de 2006 à 2009.
En 2010, elle donne avec succès en Avignon, sa création autour de Simone de Beauvoir avant de produire son dernier spectacle « Inspiré ? Soufflez ! » mettant en scène les fables contemporaines de son partenaire, Yannick Nédélec.
Revenons au lien de Laure Mandraud avec le Berry. George Sand a retenu son attention depuis longtemps. Ardente lectrice de cette romancière depuis son adolescence, c’est en 2004, à l’occasion du bicentenaire de la naissance de George Sand, qu’elle conçoit un spectacle « D’aurore à George », joué entre autres à Montgivray (36). Elle a effectué son travail d’écriture à partir d’extraits d’Histoire de ma vie et de la correspondance, cherchant à comprendre comment Aurore Dupin est devenue George Sand.
En 2011, replongeant dans Histoire de ma vie, Laure Mandraud revient vers George Sand avec un nouveau spectacle « Une petite fille nommée Aurore » à destination plus particulière des enfants. Elle y dévoile une partie peu connue de la vie de l’écrivain : son enfance jusqu’à treize ans, sa relation privilégiée avec la nature, ses jeux, ses facéties en compagnie d’Hippolyte et les drames intimes qui l’ont marquée. Ce spectacle a eu lieu à plusieurs reprises à la Maison des Traditions de Chassignolles dans le cadre d’une exposition sur George Sand et les paysans.
En partenariat avec le Pays de La Châtre, elle a conçu plusieurs animations théâtralisées : en 2008 pour l’ouverture du sentier des Maîtres Sonneurs avec des extraits du roman éponyme, en 2010 pour le bicentenaire de la naissance de Chopin et en 2012, sur le thème du roman sandien Les beaux Messieurs de Bois Doré.
TF1 a souhaité sa participation en novembre 2009 pour la réalisation d’un reportage sur la survivance des superstitions en Berry et la société Duplex Production pour trois documentaires sur George Sand à Nohant, Balzac à Saché et Ronsard à la Possonnière, diffusés sur TV Com dans le cadre de l’émission « Sur la Piste des Ecrivains ».
Son portrait
Laure Mandraud est une femme aux cheveux longs, pouvant se présenter sur scène dans une sobre robe noire, dans un costume Renaissance ou dans des tenues drôles et farfelues avec la même aisance. Dynamique, créative, bouillonnante de vie, proche des enfants, elle s’investit à fond pour transmettre à tous le goût de la littérature. Elle a de belles intonations de voix, un art du geste et des mises en scène théâtrales. Elle captive son auditoire par sa voix claire et bien placée, sa présence, son élan de vie, sans lasser même dans ses monologues sur scène.
En conclusion
Elle a toujours des projets en attente, des idées de spectacles qu’elle sait si bien personnaliser. Nous voulons récompenser aujourd’hui, une femme de théâtre inventive, créatrice, dynamique. Son apport littéraire et théâtral auprès de tous, petits et grands, est admirable. C’est pourquoi nous sommes heureux de lui remettre le prix de l’Académie du Berry 2013, pour son engagement en littérature et particulièrement en Berry, avec toutes nos félicitations.
Remise du prix annuel de l’académie du Berry 2013, à Laure Mandraud.
De gauche à droite : Maurice Bazot, chancelier, Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix, Alain Bilot, président de l'académie du Berry, et Laure Mandraud.
Catherine Réault-Crosnier
Réponse de Laure Mandraud
Madame, je vous remercie ainsi que le président de l’Académie du Berry, de votre bienveillance à mon égard et vous me voyez honorée et émue d’être avec vous aujourd’hui. Honorée, car le choix que vous avez fait de valoriser mon travail devant cette très estimable assemblée me semble un présent dont la valeur outrepasse largement celle de mon mérite. Et je le dis en toute sincérité.
Lors de la remise du prix annuel de l’académie du Berry 2013.
Laure Mandraud lauréate 2013, prononce son discours de remerciement.
Je suis émue, car je ressens intensément le bonheur d’être accueillie et de partager des idées, des passions et l’amour du Berry que rehausse à mes yeux la présence inaltérable de George Sand.
Grâce à vous je perçois au plus profond de moi-même la force et la chance de cet enracinement. Je dois beaucoup au Berry. Je lui dois des parents aimants et confiants qui ont favorisé mon éveil à toutes les formes d’art. Je dois au Berry mes premières émotions artistiques dans le domaine de la musique d’abord puisque, vielleuse aux Gâs du Berry, je me trouvais souvent à Nohant et y revenais pour les concerts classiques à la Grange. Quel émerveillement pour la petite violoniste que j’étais d’entendre Augustin Dumay et Jean-Philippe Collard dans la sonate de Franck !
Et puis il y avait le théâtre populaire des Gâs du Berry. Je leur dois mes premiers pas sur les planches dans le rôle de Brûlette, l’héroïne des Maîtres Sonneurs et le souvenir inoubliable des soirées de plein air à danser et jouer sous les fenêtres de la Bonne Dame. C’est là qu’est née ma passion pour le théâtre et pour George Sand.
Cette immersion sandienne, je la vivais sans beaucoup de conscience. Je lisais du George Sand comme on fait du vélo, sans y penser mais en aimant. Et puis j’ai découvert l’album Sand de la Pléiade que j’ai lu avidement, découvrant une vie de femme et d’écrivaine hors du commun. Cette lecture m’a révélé une chose essentielle. J’ai compris que rien n’était joué dès le départ et que George Sand avait livré un combat de chaque instant pour se construire, pour exister, pour être libre. Je n’avais qu’à en faire autant !
La passion du théâtre chevillée au corps, une maîtrise de la langue de Shakespeare en poche, je décidai de me lancer malgré l’extrême anxiété de mes parents qui me voyaient plutôt faire un Diplôme d’Études Approfondies. La suite, vous la connaissez… Comme l’écrit George Sand dans Consuelo « les routes de l’art sont encombrées d’épines, mais on parvient à y cueillir de belles fleurs ».
Mais un jardin que l’on fait pour soi-seul n’en est pas un. Au cœur de ma passion pour le théâtre, il y a toujours eu le désir du partage, encore un héritage sandien, et c’est par l’enseignement de l’Art Dramatique qui s’ouvre comme espace d’exploration et de liberté que j’ai trouvé le moyen de rester en lien avec les jeunes générations. Il y a, vous l’avez signalé, ce missionnement dans les collèges pour travailler avec des jeunes sur le théâtre et la lecture mais je ne saurais oublier en Berry, les magnifiques projets auxquels Danielle Bahiaoui, amie de longue date, m’a associée pour le rassemblement des lycées George Sand de France et la célébration du bicentenaire de la naissance de George Sand en 2004. Ces moments de théâtre intenses sont inoubliables. Ils marquent à jamais, les jeunes lycéens qui y ont participé.
Aussi me paraît-il essentiel de continuer à faire entendre notre langue française à travers ses auteurs, à les rendre accessibles au plus grand nombre, à trouver le moyen de susciter la curiosité, le désir de culture. Ces valeurs resteront à jamais au cœur de mes préoccupations.
Et puis, et je terminerai par cela, vous avez souligné mon goût pour le répertoire classique. J’y ajouterai celui de l’histoire. Lire George Sand, c’est aussi entrer dans l’histoire sociale et politique du 19ème siècle et inévitablement s’interroger sur la place des femmes. Elles occupent une place centrale dans mes créations. Je me suis intéressée aux conditions matérielles et morales qui ont formé la personnalité et le génie de George Sand. J’ai exploré la nature singulière de « l’être au monde » de Simone de Beauvoir. Je vais prochainement me pencher sur la vie des femmes pendant la guerre de 14-18 et ce faisant continuer de méditer sur cette petite phrase du peintre Garouste : « Ce qui m’intéresse dans l’avenir, c’est la construction du passé. »
En hommage au Berry, j’ai choisi de vous lire à deux voix un extrait des Maîtres Sonneurs de George Sand qui met en scène Joset le cornemuseux, archétype de l’artiste « qui paraît toujours regarder des choses que les autres ne voient pas » et Brulette évoquant la vision qu’a fait naître en elle la musique endiablée du jeune cornemuseux.
Lors de la remise du prix annuel de l’académie du Berry 2013.
Yannick Nédélec et Laure Mandraud interprétent un extrait des Maîtres Sonneurs de George Sand.
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Académie du Berry
2013
Séance solennelle du 13 avril 2013 au château de Valençay (Indre)
Remise du prix annuel de l’Académie 2012, à Sylvie Germain
Allocution de Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix.
Le prix de l’Académie du Berry est remis chaque année, à une personne honorant le Berry par son action. Monsieur Alain Bilot, notre président actuel, m’a nommée présidente de ce prix en 2006 et je le remercie de sa confiance. La lauréate 2012, recevra son prix tout à l’heure, sous forme d’un produit du pays, une poterie du Berry.
Le prix 2012 est décerné à Mme Sylvie Germain qui honore le Berry par ses livres d’une grande intensité littéraire et pour lesquels elle a reçu de nombreux grands prix. Sylvie Germain est née à Châteauroux en 1954. Son arrière grand-père paternel né en Sologne, a quitté sa région natale pour partir à la guerre de 1914 et n’y est pas revenu ensuite. Sa famille déménage peu de temps après sa naissance. Cette région retient malgré tout, l’attention de notre lauréate puisqu’un de ses livres, L’enfant Méduse, se passe en Berry, même si cette région n’est pas nommée directement.
Lors de la remise du prix annuel de l’académie du Berry 2012.
De gauche à droite : Maurice Bazot, chancelier, Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix, Sylvie Germain lauréate 2012.
Sa biographie
Dans les années 1970, elle suit des études de philosophie à la Sorbonne, où enseigne entre autres professeurs, le philosophe Emmanuel Lévinas. Elle présente un mémoire de maîtrise sur la notion d’ascèse dans la mystique chrétienne, puis une thèse de doctorat en philosophie sur le thème du visage. (« Perspectives sur le visage. Trans-gression ; dé-création ; trans-figuration »).
Elle a travaillé comme documentaliste puis comme fonctionnaire au Ministère de la Culture (1981 – 1986), et comme professeur de français et de philosophie à l’école française de Prague (1986 – 1993). Depuis son retour en France en 1994, elle se consacre à l’écriture.
Son œuvre
Sylvie Germain a publié de nombreux livres chez de grands éditeurs dont les éditions Gallimard pour Tobie des Marais en 2000, les éditions Albin Michel pour Magnus en 2005 et L’inaperçu en 2007. Ses livres ne sont pas passés inaperçus car ils possèdent une force étonnante d’émotion et de mysticisme, pour nous aider à comprendre et à vaincre les blessures de la vie.
Sylvie Germain a reçu de nombreux prix littéraires dont le prix Femina pour Jours de colère en 1989, le Prix de littérature religieuse (décerné par des libraires spécialisés dans la littérature religieuse), pour Les Échos du silence en 1997, le prix Jean Giono pour Tobie des Marais en 1998 et le Goncourt des lycéens pour Magnus en 2005. En 2011, elle a reçu le prix Jean Monnet de littérature Européenne, décerné à Cognac.
En 2010, Sylvie Germain a été mise à l’honneur dans le cadre du colloque des cinq Académies en région Centre, à Châteauroux. Le thème étant « L’eau en région Centre », j’ai traité du sujet « Les écrivains en Berry et l’eau » et je l’ai mentionnée ainsi que son livre Tobie des marais mais j’aurai pu aussi citer L’enfant Méduse. Le thème de l’eau, très fort en cette région, a une place importante dans son œuvre.
Sylvie Germain a publié récemment plusieurs livres à tendance philosophico-religieuse dont en 2011, Quatre actes de présence et en 2012, Rendez-vous nomades (chez Albin Michel). Ces titres sont à eux seuls, déjà significatifs de sa démarche, la recherche d’une présence et de Dieu en lien avec l’éternité, un Dieu à renommer.
Sa production
Sylvie Germain a écrit de nombreux livres de grande qualité littéraire et humaine. En 1984, elle publie, son premier roman Le Livre des Nuits (suivi de Nuit-d’Ambre, saga familiale de près de sept-cents pages), qui reçoit six prix littéraires.
Dans L’enfant méduse, elle va sur les traces de ce passé lointain berrichon puisque l’histoire se déroule dans un village du Berry. Nous retrouvons des caractéristiques de cette région, les landes, les marais peuplés d’oiseaux, d’insectes, de crapauds et de fées invisibles, l’atmosphère de sorcellerie et de magie des contes berrichons comme dans les livres de Jean-Louis Boncœur et celle d’imprégnation de brume et d’eau proche de George Sand.
« Des eaux magiques qui lancent des sanglots de bronze dans les brumes des soirs d’avril. Les marais alors retentissent comme si dans les profondeurs de leurs vases des royaumes engloutis sonnaient le glas à la volée. Des cités dont les crapauds sont tout à la fois les princes et les hérauts, les forgerons et les sonneurs de cloches. Les chants d’amour des crapauds sont funèbres et grotesques, ils parent de sons mortuaires les tourments du désir, (…). »
(pp. 142 et 143)
« Le crapaud psalmodiait une obscure prière, pétrie de boue, de nuit et de chagrin. »
(p. 33)
En Berry, se trouvent aussi les fées, les maraudeurs, les sorciers, les jeteurs de sort, les mal-morts :
« Une Fade malheureuse y vivait. Personne ne l’avait jamais vue, cette pauvre fée au cœur navré, mais ses pleurs d’invisible faisaient pitié. (…) Le chagrin de la fée se tordit dans les flammes, monta au ciel et disparut. »
(p. 29)
« Les revenants, souvent, c’est de la souffrance qui maraude, ce sont des âmes aux abois, de pauvres âmes sans repos qui ont perdu leur corps et tout asile sur la terre, (…). »
(p 181)
La lumière qui d’ailleurs porte le titre d’un chapitre (p. 79), fait partie intégrante de l’histoire bien qu’elle soit cachée :
« Ce n’est pas le jour, ce n’est pas la nuit. C’est un temps tout autre, c’est un frêle point de tangence entre les minutes et l’éternité, entre l’émerveillement et l’effroi. C’est le cœur du monde qui se montre à nu – un cœur obscur ceint de gloire. »
(p. 16)
« (…) nous sommes tous faits de poussières d’étoiles mortes et tous nous redeviendrons des poussières, pour à la fin être à nouveau des étoiles. »
(p. 71)
Sylvie Germain ne se limite pas à ces empreintes de pure beauté champêtre. Elle se trace une ligne de conduite hors des sentiers battus. À côté de ces oasis de beauté, elle nous conduit vers la misère humaine et ses perversités pour nous montrer comment un être humain peut dévier et un autre être tué dans son corps et dans son esprit. La nature reste pour nous permettre de reprendre souffle à côté la dureté des faits vécus, trop cruels, presque inhumains…
Sylvie Germain se sert de la beauté des fleurs empreintes de messages à décoder, pour faire passer ses idées insensiblement, goutte à goutte, imperceptiblement, et nous montrer la fugacité de toute chose, de tout être. Le pourpre du cœur de la rose, n’est-il pas une manière indirecte de nous parler de l’indicible, le viol d’une fillette ?
« L’odeur des pommes et des poires se mêle au parfum poivré des roses sombres qui commencent à ployer en cercle autour du vase de faïence. De temps en temps se détache un pétale qui tombe avec mollesse. La lumière s’enfonce dans les plis des corolles, rosit, à peine, le pourpre des pétales. (…) La fleur voluptueuse où l’insecte avait trouvé la mort, s’effondre et s’exfolie. Les roses sont d’éphémères tombeaux. Le petit corps blond et léger comme un brin de paille gît parmi les lambeaux violacés de la rose. Un même oubli emporte dépouille et sépulture. »
(p. 164)
L’enfant abîmée dans sa chair va devenir l’enfant méduse qui casse toute relation personnelle. Lucie a perdu toute confiance en l’homme qui restera pour elle, à jamais, l’ogre dévoreur, insatiable qui lui a tout pris, son corps et son âme. Puis un jour, ce sera l’espoir d’une paix possible prête à éclore dans sa vie étiolée, fragile, hésitante Il faudra encore un autre temps, pour que la blessure cicatrise sans jamais disparaître, pour réapprendre à vivre. Sylvie Germain nous le confie avec délicatesse en final, comme l’arrivée de la lumière dans la nuit de Noël :
« Là-bas, là-bas, le plus merveilleux de tous les là-bas luit doucement au cœur de l’ici et de l’instant présent. Là-bas, ici, une enfance nouvellement née luit dans la paille blonde. » (…) Dans son regard couleur de nuit, toujours. Mais désormais, nuit de Nativité. »
(p. 313)
Dans Tobie des Marais, elle allie émotions fortes et mysticisme en se référant au livre de Tobie dans la Bible. Les descriptions de l’eau sont belles, poétiques, emplies d’une force naturelle pouvant aller jusqu’à la violence sauvage, rappelant une vision de déluge ou de fin du monde. À la manière de George Sand, l’eau peut aider à la prise de décision car le passager ne se décide à intervenir que parce que : « (…) la pluie avait cessé aussi subitement qu’elle avait éclaté (…) » (p. 16) et dans ce vertige d’eau, un petit enfant paraît encore plus désarmé, vacillant à vélo : « C’est un petit enfant qui zigzague sur la route et file dans l’autre sens. » (p. 16) Chez Sylvie Germain, l’eau a une puissance vivante et une beauté poétique étonnante qui tend vers la lumière et l’espérance, même lorsqu’elle est enfantée dans la douleur, la violence ou les non-dits de même que Tobie est fait pour connaître une autre vie car du début du monde à la fin du monde, il reste l’eau et la lumière.
Dans Magnus, le personnage central est un ours en peluche « Magnus est un ourson de taille moyenne, au pelage assez râpé, (…) » (p. 16), confident d’un petit garçon qui ne comprend pas les évènements graves qu’il vit, sa mère fuyant sous les bombardements de Hambourg et se transformant en une torche vivante ; l’orphelin sera ensuite adopté par un couple, dont la femme tentera d’annihiler son passé, et dont le mari ne s’intéressera guère à l’enfant. Ce n’est qu’au sortir de l’enfance et de la guerre, que le garçon comprendra qui était réellement cet homme qu’il croit encore être son père : un bourreau nazi. Et beaucoup plus tard, il apprendra qu’il a été en fait un enfant adopté.
Dans L’inaperçu, Sylvie Germain nous emporte au royaume des non-dits, des blessures si difficiles à cicatriser, celles de l’injustice et de la fragilité de l’être. Hors du champ est le titre de son dernier roman paru en 2009, où elle aborde la place de l’être humain, qui à force d’être négligé, oublié, finit par perdre toute consistance, jusqu’à sa visibilité. Elle sait se consacrer à l’essentiel et trouver les mots justes pour mieux nous faire comprendre l’importance de se reconstruire.
Avec elle, dans tous ses livres, il y a toujours une place pour l’espoir et le devenir, mais aussi une attente, une quête d’un ailleurs pour reconnaître l’insondable, une philosophie proche de Lévinas. Nous pouvons citer en exemple, un fragment de son dernier livre Rendez-vous nomades : « Dieu caché, intensément discret, attendrait donc des hommes le dépliement et le déploiement de son être – ce Je suis éternel – sur cette terre, et dans le temps de ce monde. »
Conclusion
Oui, Sylvie Germain avec des mots justes et aimants, brise les blessures et aide chacun à progresser sur le chemin qui est le sien. Son style étonnant empli de sentiments et de réflexions complète la puissance de son écriture au service de l’autre. Nous sommes donc très heureux de lui remettre le prix de l’Académie du Berry sous forme d’une poterie du Berry avec toutes nos félicitations.
Catherine Réault-Crosnier
Bibliographie
Sylvie Germain, Tobie des Marais, Éditions Gallimard, collection Folio, 2000, 265 pages
Sylvie Germain, L’enfant Méduse, Éditions Gallimard, 1991, 318 pages
Sylvie Germain, Magnus, Éditions Albin Michel, Paris, 2005, 280 pages
Sylvie Germain, L’inaperçu, Éditions Albin Michel, Paris, 2008, 294 pages
Remise du prix annuel de l’académie du Berry 2012, à Sylvie Germain.
De gauche à droite : Maurice Bazot, chancelier, Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix, Alain Bilot, président de l'académie du Berry, et Sylvie Germain.
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Prix de l'Académie du Berry
2011
Samedi 15 octobre, à La Châtre (36)
à M. David Gaillardon , lauréat 2011
Par Madame Catherine Réault-Crosnier, Présidente du prix de l’Académie du Berry
Le prix de l’Académie du Berry est remis chaque année, à une personne honorant par son action le Berry, mettant en valeur le patrimoine de cette belle région, les coutumes, l’histoire, les arts. Monsieur Alain Bilot, notre président actuel, m’a nommé présidente de ce prix et je le remercie de sa confiance. Le lauréat 2011 recevra son prix tout à l’heure, sous forme d’une poterie du Berry.
Cette année, le prix 2011 de l’Académie du Berry récompense le travail de David Gaillardon qui allie créativité, dynamisme et imagination, ce qui lui permet des actions nombreuses et passionnantes.
Sa biographie :
David Gaillardon est né à Bourges en 1968. Il appartient à une famille présente en Berry depuis le XVIIème siècle et qui, auparavant, était installée en Bourbonnais. Ancien élève de Sainte-Marie de Bourges, après avoir fait hypokhâgne, Sciences-Po et un DEA d’histoire contemporaine, il se tourne vers l’édition. Proche des Dominicains, il entre aux éditions du Cerf, à Paris, comme lecteur. Très vite, il intègre le service communication. À ce titre, il organise plusieurs colloques et expositions autour de la dénonciation de la montée des périls durant l’entre-deux-guerres, de l’engagement des intellectuels chrétiens dans la Résistance ou bien encore de la place de l’art sacré en France depuis 1945. Cette présence au Cerf est l’occasion de belles rencontres : celle de Maurice Schumann, alors président de la Commission des affaires culturelles du Sénat ; du Révérend Père Carré de l’Académie française ; de René Rémond, alors président de la Fondation Nationale des Sciences Politiques ou encore de Françoise Verny, alors directrice de Flammarion.
En 1997, David Gaillardon publie son premier livre, consacré au Père Maydieu, théologien et philosophe dominicain, grand résistant : l’un des créateurs des éditions du Cerf. Une manière pour David Gaillardon de rester fidèle à ses engagements.
Très attaché au Berry, il accepte en 1997 de reprendre la rédaction en chef du Berry Magazine, conjointement avec celle du Journal de la Sologne, deux magazines d’art de vivre dont il ouvrira les colonnes à de nombreuses grandes plumes : Claude Michelet, Pierre de Boisdeffre, Claude Seignolle, Nancy Huston, leur donnant ainsi – de l’avis général – une tonalité et une saveur particulières.
En 2005, à l’invitation de Jean de Charon, fondateur du groupe de presse Impact Médecin, il part en Bourbonnais pour participer à la création d’un nouvel hebdomadaire : La Semaine de l’Allier. Il relève ce nouveau défi avec passion et sa réussite lui vaudra le prix de la « Presse hebdomadaire régionale 2005 ».
En 2006, il a reçu les Palmes académiques avec le grade de Chevalier.
Il est membre du bureau du Cercle Amical du Berry, aussi appelé les « Berrichons de Paris » (La Gazette, p. 5), l’une des plus vieilles sociétés d’entraide française, créée à la fin XIXe siècle. Cette société compte plus de quatre cents membres, « souvent nés en Berry mais travaillant à Paris. C’est un moyen pour eux de rester en lien avec leur région», commente l’intéressé. Parmi eux, on retrouve des personnalités bien connues des berruyers, tels les ambassadeurs de France François Marcel-Plaisant et Jean de Ponton d’Amécourt, mais aussi des membres éminents comme Marie-France de Peyronnet...
Depuis 2011, David Gaillardon gère la communication d’un important établissement public français, dépendant du ministère de l’Agriculture et gérant les problématiques liées à la chasse et à la faune sauvage. Le 2 mai 2011, il a pris ses fonctions à l’Office national de la Chasse et de la faune sauvage, à Paris. Il est aussi journaliste et producteur à Canal Académie, la toute jeune « web radio » de l’Institut de France à Paris, quai Conti, où il reçoit régulièrement historiens, écrivains et académiciens, suivant de près l’actualité de l’édition française.
Ces dernières années, David Gaillardon a publié ou participé à la rédaction de nombreux ouvrages, pour certains liés à l’histoire et au patrimoine du Berry et du Bourbonnais, pour d’autres liés au dialogue entre juifs et chrétiens et à la dénonciation des crimes de la Shoah.
Son portrait :
Historien, éditeur, homme de presse et de radio, David Gaillardon est un homme jeune, dynamique et profondément humain. Il a confiance en l’autre sans a priori. C’est un homme de rencontre et un passeur, un humaniste et un homme libre qui refuse toute forme d’hémiplégie intellectuelle et tout ostracisme...
Sa production :
David Gaillardon a publié une dizaine d’ouvrages. S’il a retenu notre attention, c’est parce qu’il a consacré une grande partie de ses écrits au Berry comme au Bourbonnais, en contribuant par exemple à la réalisation de Plein ciel sur le Cher, de L’encyclopédie Berry Cher et Indre, et surtout avec ses dictionnaires Le Parler du Berry paru en 2008 et Le Parler en Bourbonnais, paru en 2010 :
Luma ou calon... Dans la région, ces mots couramment usités sont si familiers qu’ils semblent sortir du dictionnaire. Oui mais pas du Larousse, plutôt du Parler du Berry. Dans ce lexique, David Gaillardon répertorie les mots et expressions de notre terroir, glanés ça et là lors des rencontres qu’il a fait lorsqu’il était le rédacteur en chef de Berry magazine. Nous approfondissons le parler berrichon malicieux comme « une langue de moqueurs » par exemple avec agonir d’sottises signifiant injurier ; amignauder, flatter ; décalvôtré pour une femme en décolleté ; licherie pour une gourmandise ; ou bien encore embouse-béniot, sobriquet désignant ironiquement l’employé de la ferme qui recouvrait les ruches d’osier (les béniots) de bouse de vache. Nous nous régalons de la richesse de ses images issues du terroir berrichon des siècles passés mais pas si anciens. Si David Gaillardon est à l’aise avec la langue de ses ancêtres, il l’est aussi avec celle de ses contemporains. « J’ai toujours eu l’amour des mots, une passion pour la syntaxe et pour la grammaire, un véritable intérêt pour le rythme, l’allitération et jusqu’au jeu du sens figuré et du sens propre », nous dit-il. Sans doute est-ce ce qui a plu au sénateur Jean Cluzel, secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie des Sciences morales et politiques lorsqu’il l’a invité à rejoindre Canal Académie, la web radio qu’il était en train de créer quai Conti. Une radio qui a fait son chemin et qui, aujourd’hui, peut se targuer de recevoir la visite de douze millions d’internautes par an !
Nous ne devons pas oublier de parler du côté mystique de son œuvre, en particulier dans son livre Lettres à une convertie. C’est le témoignage épistolaire émouvant d’une amitié fidèle entre deux grands chrétiens, Stanislas Fumet, catholique engagé, résistant de la première heure, ami de Maritain et découvreur de Julien Green et de Bernanos, et Berthe Tygel, une jeune juive qu’il a guidée vers la conversion et qui est devenue sa filleule. Pour rassembler, décrypter, annoter les lettres des deux protagonistes, David Gaillardon mettra plusieurs années, vérifiant les noms propres, les noms de lieu et les faits cités, les uns après les autres, interviewant tel ou tel, compulsant les ouvrages traitant de la période et des acteurs concernés. Un travail d’érudition qui se double d’une œuvre militante, d’un engagement au dialogue entre juifs et chrétiens et d’une dénonciation sans appel d’idéologies nauséabondes.
Avec Marcel Bonin, ancien inspecteur d’académie, David Gaillardon a publié en 2010, Le Parler du Bourbonnais (aux éditions Bonneton). Il s’agit à nouveau, d’un dictionnaire ludique et pédagogique de plus de deux cents pages. Pour ce travail, il a reçu d’ailleurs début octobre 2011, le Prix « Allen en Bourbonnais », des mains du sénateur Cluzel. Ce dictionnaire est également en lice pour le Prix Émile-Guillaumin du Conseil général de l’Allier, qui sera décerné cet automne.
David Gaillardon a aussi œuvré à la rédaction de nombreuses publications parmi lesquelles il faudrait citer La Route Jacques Cœur, paru en 2003, véritable « déclaration d’amour » d’un érudit au patrimoine du département du Cher.
Oui, David Gaillardon aborde de très nombreux sujets avec une grande aisance et une qualité littéraire certaine. Il mérite bien le prix de l’Académie du Berry, lui qui nous dit : « J’ai toujours eu pour le Berry un amour quasi mystique et, durant les six années où j’ai occupé le poste de rédacteur en chef de Berry magazine puis du Journal de la Sologne, je me suis efforcé d’en être un ambassadeur zélé (…). » (courriel du 29 octobre 2010) Amoureux des mots du Berry et du beau terroir de France, il excelle par sa plume à défendre sa région natale. Nous sommes convaincus de son dynamisme au service du pays de George Sand, de Marguerite Audoux, de Maurice Rollinat et d’Alain Fournier et par là même, très heureux de lui remettre ce prix sous forme d’une poterie du Berry avec toutes nos félicitations.
Bibliographie :
Agnès Aurousseau, « David Gaillardon parle le Berry couramment », La Nouvelle République du Cher, lundi 29 décembre 2010, p. 9
Bibliothèque Nationale de France, Catalogue Bn-Opale Plus, liste des notices bibliographiques de David Gaillardon
Jean-Claude Bonnet, Présentation de Le Parler du Bourbonnais de David Gaillardon, La Gazette Berrichonne, n° 202 d’octobre à décembre 2010, p. 4
Canal Académie, site Internet http://www.canalacademie.com, fiche de présentation de David Gaillardon dans la rubrique « Nos journalistes »
David Gaillardon, courriel du 29 octobre 2010 à Catherine Réault-Crosnier
David Gaillardon, lettre du 19 novembre 2010 à Alain Bilot
Philippe Martinet, Lettres à une convertie, Courrier français de Touraine, du 7 mai 2010
Olivier Pirot, « La vraie richesse du parler du Berry », La Nouvelle République de l’Indre, du samedi 7 février 2009, p. 21
Alexandra Trépardoux, « David Gaillardon raconte le Berry », L’Écho du Berry, du 4 mars 2009
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Réponse de M. David Gaillardon
Madame,
Vous m’êtes témoin devant cette assemblée que, contacté par vous voici quelques mois, alors que vous aviez émis l’idée de me permettre d’intégrer votre cénacle, j’ai manifesté d’abord un peu d’étonnement puis, tout après, beaucoup de scepticisme.
Plusieurs raisons motivaient cette réponse, que je me dois d’aborder aujourd’hui alors que ‑ précisément ‑ je me retrouve parmi vous à La Châtre et que je m’apprête à pénétrer dans votre académie.
Je collabore régulièrement, ainsi que vous venez de le souligner, à Canal Académie, la web radio de l’Institut de France, où j’ai été appelé par le sénateur Jean Cluzel, son fondateur et aujourd’hui secrétaire perpétuel honoraire de l’académie des Sciences morales et politiques.
Dans notre studio qui occupe les combles de la Mazarine, et d’où la vue porte sur la colonnade du Louvre, le quai Conti et le pont des Arts, j’ai le grand honneur de recevoir et de m’entretenir avec l’un ou l’autre des membres des cinq académies qui forment l’Institut. J’y brosse aussi le portrait d’anciens immortels ‑ étonnante expression en vérité puisque l’immortalité passe le temps ‑ tous académiciens ayant occupé, à un moment ou un autre depuis sa fondation au XVIIe siècle par le cardinal de Richelieu l’un des quarante fauteuils parmi les plus convoités de France.
Vous aurez compris, je pense, quel respect j’éprouve pour le principe académique et pour cet élitisme républicain auquel, aujourd’hui que nos rois blanchissent dans des sépulcres, l’Institut continue de faire écho.
« Mais Monsieur, m’objecterez-vous peut-être, notre académie du Berry ne brille pas des mêmes feux que celle dont vous nous parlez... ». Et c’est là, Madame, que vous aurez tort. Le principe académique est le même partout, qu’on soit à Paris ou aux antipodes, ou bien même en ce pays dogon qu’affectionne tant le président Bilot qui est un ambassadeur aussi dévoué qu’inlassable.
Ce qui motive votre académie et ses académiciens, c’est la propagande, pour reprendre ce vieux mot que seule l’Église catholique ose encore utiliser aujourd’hui tant il a été dévoyé tout au long du XXe siècle par les idéologies les plus perverses. C’est bien entendu de la propagande du savoir que je veux parler ici ; la seule qui vaille et la seule qui attire à votre table des hommes et des femmes désintéressés, serviteurs de l’État ou de l’Industrie ou, comme moi pauvres hères qui, en fidélité à la terre de leurs ancêtres, continuent de défendre l’idée de nature, comme je m’efforce de le faire au sein de l’Office national de la Chasse et de la Faune sauvage.
Commence-t-on d’effeuiller le Grand Livre de votre histoire que, sans remonter bien loin, on se persuade très vite de la qualité de ses membres. Ici l’on remarque un romancier-diplomate, Jean-Christophe Rufin ; là, un prince du sang, pacifiste convaincu et européen d’exception : Otto de Habsbourg dont la mort récente fut, pour celui qui l’avait rencontré naguère en Berry, l’occasion d’un chagrin réel.
Mais au refus que je vous opposai quand vous me fîtes l’honneur de rejoindre votre petit groupe, par peur de ne pas vous être très utile et de ne briller que par mon absence, je vois encore d’autres motifs.
La crainte de me disperser est l’une d’entre elles. Vous n’ignorez pas, Madame, que je suis administrateur du Cercle amical du Berry, parfois surnommé les «
Berrichons de Paris ». Vous avez, je crois, honoré par le passé plusieurs de ses membres, et notamment le premier d’entre eux l’ambassadeur François Marcel-Plaisant, qui en est le président. Dans un moment de ma vie où, sollicité de toutes parts je suis contraint de décliner bon nombre d’invitations, et alors que je suis un administrateur moins assidu que je ne l’ai été de notre cercle parisien, je me devais de vous avouer que, malgré l’amour quasi mystique que je porte à cette terre du Berry que ma famille a travaillé des siècles durant, je n’ai plus guère les moyens de m’y rendre aussi souvent que je le voudrais.
Je pourrais encore gloser longtemps, Madame, mais je crains trop de lasser votre auditoire quand tant d’orateurs restent à présenter qui, eux, comptent à leur palmarès, de vraies réussites et des actions bien plus illustres que les miennes.
Vous me permettrez cependant, aujourd’hui que nous à La Châtre, charmante cité où vous avez choisi de remettre votre prix et de désigner vos néophytes, d’évoquer l’un de ses grands enfants qui fut pour moi plus qu’un ami, j’ose dire un grand-père de substitution, et dont je pleure encore la disparition survenue il y a déjà neuf ans : Pierre de Boisdeffre.
L’auteur des Métamorphoses de la littérature ou de ce pamphlet si drôle, pastiche du Nouveau Roman : La Cafetière est sur la table, était originaire de cette ville où ses ancêtres Néraud ont joué un rôle important, comme le savent les lecteurs de la Bonne Dame de Nohant. En revenant ce matin à La Châtre, comme je passais devant la maison de la place du Marché où je vins si souvent quand je m’occupais de la revue Berry, je songeais à nos promenades dans le Boischaut, à nos déjeuners toujours trop copieux (car l’homme était un gourmet) et à nos discussions sur la littérature. Lui cherchant à me convaincre du génie de ses chers auteurs sud-américains et moi de l’originalité de mes chers romanciers de l’Europe orientale.
Ce temps n’est plus, hélas, et Pierre de Boisdeffre s’en est allé rejoindre ce Parnasse dont il doit déjà être devenu le critique littéraire avisé. Et s’il est un nom que votre assistance doit bien retenir aujourd’hui, au cœur de ce Boischaut que nous aimons tant, c’est celui de Boisdeffre à côté duquel celui de votre récipiendaire compte bien peu.
Je vous remercie.
David Gaillardon
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Prix de l'Académie du Berry
2009 - 2010
Déols (36)
à M. Jacques Viard, lauréat 2009
à M. Robert Limoges, lauréat 2010
à Mme Françoise Salaün, lauréate 201O
Par Madame Catherine Réault-Crosnier, Présidente du prix de l’Académie du Berry
Les Prix de l’Académie du Berry, 2009 et 2010, ont été remis à leurs lauréats par Mme le Docteur Catherine Réault-Crosnier, du Haut-Conseil.
Le Prix 2010 récompense en fait, le travail de deux personnes : M. Robert Limoges et Mme Françoise Salaün, œuvrant tous les deux, en tant que directeur et secrétaire de rédaction, pour une revue de grande qualité, La Gazette Berrichonne de Paris. Il s’agit d’une publication trimestrielle née en 1911, caractérisée par une volonté de permanence de l’information couvrant la vie culturelle des départements du Cher et de l’Indre : l’organe d’informations du Cercle Amical du Berry, fédérant des Berrichons de tous horizons géographiques et dont le nombre d’abonnés s’avère croissant. Fondé en 1903 (sous le nom de « Cercle Amical du Cher et de l’Indre »), le Cercle Amical du Berry était représenté lors de cette séance solennelle – en l’absence de son président, M. l’Ambassadeur de France François-Marcel Plaisant – par sa vice-présidente, Mme Marie-France de Peyronnet et M. Jean-Claude Bonnet. Mme de Peyronnet remercia chaleureusement l’Académie d’avoir perçu, derrière la discrétion caractérisant les deux acteurs lauréats, l’excellence du travail accompli. Passion et compétences sont les maîtres-mots qui définissent alors, l’investissement sans faille de M. Robert Limoges (un Issoldunois impliqué avec rigueur, ferveur, au sein de La Gazette depuis une trentaine d’années) et Mme Salaün aidant, depuis 1993, à la rédaction de cette publication qu’elle fait profiter de sa large expérience professionnelle dans le domaine de la fabrication des documents : un duo de collaborateurs là encore signifiant, qui permit de faire évoluer La Gazette, de la formule d’un journal « quatre pages » traitées en « noir et blanc » à celle d’un journal « dix pages » en quadrichromie, toujours plus attractif par sa présentation, la diversité et l’originalité des sujets abordés, la précision des propos…
Le Prix 2009 a été, quant à lui, attribué à M. Jacques Viard, pour l’ensemble de ses travaux de restauration de tableaux et d’églises, qui lui ont permis de sauver – tant dans le Berry que les autres régions – un patrimoine en péril. A l’issue d’études à l’Ecole du Louvre, d’un stage professionnel chez un restaurateur parisien et d’une carrière de photographe professionnel indépendant pendant plus de 25 ans, M. Viard est revenu, il y 13 ans, dans l’Indre où il possédait une propriété familiale. Devenu restaurateur de tableaux en 1995, il fait le choix, en 2000, de se spécialiser dans la rénovation des ouvrages d’art du patrimoine religieux (dont il appréciera particulièrement les œuvres du XIXème siècle). Usant de techniques spécifiquement appropriées, M. Jacques Viard restaurera ainsi, plus de 400 tableaux anciens et une dizaine d’églises. Moyennant des tarifs bas (permettant aux élus d’une commune d’engager une action de restauration en l’absence de moyens financiers) mais en respectant le cadre originel, il s’est ainsi adonné à un gigantesque et riche travail de rénovation de peintures murales et de mobilier d’église (statuaire, autels, lustres…).
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Académie du Berry
2008
Séance solennelle du 25 octobre au Chateau d’Ars (Indre)
Remise du prix Saint-Jean Bourdin 2008,
à Mme Jeanne Champagne
Allocution de Mme Catherine Réault-Crosnier, Présidente du prix
Le prix Saint-Jean Bourdin est remis chaque année, à une personne honorant par son action le Berry, mettant en valeur le patrimoine de cette belle région, les coutumes, l’histoire, les arts… Monsieur Maurice Penin de Jarrien, notre regretté Président, le remettait chaque année, à une personnalité du monde des arts. Monsieur Alain Bilot, notre président actuel, a décidé de me passer le relais, et je le remercie de sa confiance. Monsieur Saint-Jean Bourdin a réhabilité le livre des « Très riches heures du duc de Berry ». Il sera remis tout à l’heure à la lauréate, accompagnée d’une poterie de La Borne, village du Berry aux œuvres d’art renommées.
Cette année, ce prix est décerné non pas à un livre mais à l’action d’une femme metteure en scène au vu de son talent artistique et théâtral auprès des jeunes, de sa mise en valeur personnelle de George Sand dans un projet qui a su ensuite se propager en France et hors de nos frontières.
Jeanne Champagne, lauréate 2008, Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix Saint-Jean Bourdin,
le Professeur Maurice Bazot, chancelier et Alain Bilot, président de l’Académie du Berry.
Présentation de Madame Jeanne Champagne :
Jeanne Champagne est berrichonne puisqu’elle est née dans une école, non loin de Nohant. Son enfance et son adolescence ont baigné dans les paysages décrits par George Sand dans ses romans. Elle a fait des études de théâtre et a eu une formation de comédienne aux Ateliers des quartiers d’Ivry. Elle a suivi les cours d’Antoine Vitez au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, a joué au TNP avec Roger Planchon et au Centre Dramatique National de Reims, avec Philippe Adrien. Elle a été engagée au Théâtre Quotidien comme assistante et dramaturge. Lucien Attoun lui a permis de faire sa première mise en scène à Théâtre Ouvert, dans le cadre du festival d’Avignon (La Maison d’Anna de Ninon Ozanne et Dagmar Deisen, d’après Anaïs Nin).
En 1981, elle a fondé la Compagnie Théâtre Écoute qui est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication (Drac Île de France) et a mis en scène, une trentaine de textes notamment de Peter Handkle, Agota Kristof, Edward Bond, H. von Kleist, Jules Vallès ou encore Annie Ernaux et George Sand.
Depuis 1988, Jeanne Champagne et sa compagnie ont inclus dans leur projet artistique, une activité de formation théâtrale en partenariat avec l’Éducation Nationale et un grand nombre d’associations dont la maison du Geste et de l’Image à Paris, les Scènes Nationales l’Apostrophe à Cergy Pontoise, l’Equinoxe à Châteauroux, ce qui est une marque de la reconnaissance et de la valeur des actions entreprises par Jeanne Champagne.
En 1991, elle a reçu le prix Passerelle des arts pour récompenser son action en faveur des jeunes. Elle a été nommée Chevalier des Arts et Lettres en 2005.
De septembre 1992 à décembre 1997, Théâtre Écoute a été associé à la Maison de la Culture de Bourges, où la compagnie a développé un important travail de créations et de rencontres avec le public. Elle continue son action en direction des jeunes, en particulier en milieu scolaire ; en 1999, à l’occasion du projet artistique et pédagogique, « Les apprentissages de la république et de la citoyenneté », Jeanne Champagne est saluée par le Ministère de l’Éducation Nationale, pour son initiative sur les « Lettres à Marianne » avec des élèves de collège (Collège Michelet – ZEP de Saint-Ouen). Faire prendre conscience aux jeunes de leurs droits et devoirs de citoyens autour des valeurs républicaines –liberté, égalité, fraternité– à travers un travail artistique et théâtral, tel était l’objectif de Jeanne Champagne. Elle est aussi intervenue dans d’autres établissements scolaires (dont le lycée Fénelon à Paris) ; elle mène des ateliers avec des adolescents et des formateurs et encadre de nombreux stages en partenariat avec les ministères de la Culture et de l’Éducation Nationale (au Nouveau Théâtre d’Angers, au Centre de Création Contemporaine de Fécamp).
En 2002 et 2003, elle a mené un projet artistique et pédagogique dans douze classes d’enseignement général et professionnel d’Île-de-France, « Les Lois de l’amour et de la vie », une manière originale d’apprendre aux jeunes. De nombreux établissements scolaires sont partenaires de ses actions de même que des théâtres et des compagnies. Beaucoup d’artistes ont travaillé avec elle et en gardent un très bon souvenir. Certains ont même fait le déplacement pour l’entourer en ce jour où elle est mise à l’honneur. Ceci prouve que là où elle vit, elle ne passe pas inaperçue. Son dynamisme, sa force de passion dans le métier qu’elle fait, sont un stimulant bénéfique pour tous.
Jeanne Champagne a sillonné la France, pour présenter ses pièces de théâtre, notamment la trilogie de Jules Vallès : L’enfant, Le bachelier, L’insurgé. Elle a donné 300 représentations qui ont rassemblé plus de 60 000 spectateurs. Elle parcourt le monde entier, elle a fait récemment (en avril et mai 2008) des tournées à l’étranger. En juin 2008, elle revenait de Montevideo en Uruguay et de Buenos Aires en Argentine.
Un des moments forts de sa carrière, a été lorsqu’elle a joué « George Sand à l’Assemblée nationale » en 2004 à l’Assemblée nationale, au Parlement de la Communauté française de Belgique et à la Cartoucherie de Vincennes. Les paroles de Jeanne Champagne sont alors émouvantes et passionnées : « J’ai l’impression d’avoir toujours connu George Sand. Avec cette lecture-spectacle, c’est comme si je retrouvais une amie que je n’avais pas vu depuis longtemps, dont l’œuvre n’aurait pas pris une ride mais bien au contraire « un coup de jeunesse. » »
Nous avons le vertige à suivre Jeanne Champagne, tellement elle aime à voyager pour partager ses créations.
Son œuvre :
Jeanne Champagne est Berrichonne de cœur, c’est sûr puisqu’elle a choisi de mettre en valeur « George Sand à l’Assemblée nationale ». Ce fut une consécration pour cette femme que d’avoir été choisie pour faire découvrir les liens de George Sand avec la politique, dans le cadre de l’année George Sand (à l’occasion du bicentenaire de sa naissance). La conception, le montage des textes et la réalisation de la lecture-spectacle lui ont été confiés en tant que metteur en scène et responsable de la compagnie Théâtre Écoute. Jeanne Champagne dans son argument, nous fait réfléchir : George Sand a refusé de siéger à l’assemblée nationale, en son temps car les femmes n’avaient pas le droit de vote, l’inégalité entre hommes et femmes était proclamée comme une évidence. Pour George Sand, il fallait d’abord donner ces droits aux femmes. Jeanne Champagne nous fait entendre là, un message qui reste actuel dans le sens où cette égalité est régulièrement remise en cause : elle proclame le droit aux justes revendications des femmes, droit à l’instruction et à la reconnaissance de leurs droits civils à égalité avec les hommes. Cent vingt jeunes, filles et garçons, vont porter les paroles de George Sand et de son époque via les journaux, romans, pour transformer le présent et l’avenir. Les lycéens et lycéennes ont découvert les textes de George Sand et ont préparé ce projet sous la direction de Jeanne Champagne, depuis octobre 2003. (Elle a reçu le soutien de l’Assemblée nationale et du Ministère de la Culture et de la communication en collaboration avec les ministères de l’Agriculture et de l’éducation nationale.) Le texte de son spectacle est en ligne sur le site Internet www.georgesand.culture.fr et peut être utilisé gratuitement pour toutes activités éducatives et culturelles non commerciales, c’est dire le charisme de Jeanne Champagne.
Récemment elle a aussi été inspirée par Antigone qui fait partie de ses réalisations. Après « Les gardiens du rêve », elle a mis en scène et présentée en décembre 2007, « Debout dans la mer » d’après « Racleurs d’Océans » d’Anita Conti, au Centre de Création Contemporaine de Fécamp puis en janvier 2008, à la Cartoucherie de Vincennes, ainsi qu’Extraviada de Mariana Percovich qu’elle a mis en scène en mai 2008 à Théâtre Ouvert. Le 31 mai 2007, « Debout dans la mer » était à l’affiche d’Equinoxe, scène nationale de Châteauroux, dirigée par François Claude.
Je ne suis pas étonnée que Jeanne Champagne ait envie de proposer une nouvelle lecture des œuvres de George Sand, une réévaluation de ses écrits pour mettre en lumière, l’actualité de ses engagements, la modernité de son travail. Elle veut entretenir la culture, faire régner la justice, passer le flambeau de l’engagement pour plus de justice et de respect de l’homme, de la femme, de la terre et elle y met les moyens. Elle est résolument contemporaine dans le bon sens du terme afin que nous soyons tous toujours plus acteurs de l’histoire en marche.
Oui, Jeanne Champagne, berrichonne de racines et de cœur, metteure en scène, créatrice conceptuelle, est une talentueuse et passionnée professionnelle du théâtre vivant. Elle mérite par toute son œuvre et encore plus par son action auprès des jeunes (en particulier de la découverte de George Sand), d’obtenir le prix Saint-Jean Bourdin de l’Académie du Berry que nous sommes heureux de lui remettre ce jour.
Catherine Réault-Crosnier
Bibliographie :
- Jeanne Champagne (http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Jeanne-Champagne/ consulté le 15 avril 2008)
- Jeanne Champagne (http://www.lesarchivesduspectacle.net/index.php?IDX_Personne=1133, consulté le 15 avril 2008)
- George Sand à l’Assemblée nationale, lecture-spectacle (http://www.assemblee-nationale.fr/evenements/G-Sand/g-sand.asp, consulté le 15 avril 2008)
- Debout dans la mer (http://www.equinoxe-lagrandescene.com/_spectacles0708/debout_dans_la_mer.html, consulté le 15 avril 2008)
Au nom de l’Académie du Berry, Mme le Docteur Catherine Réault-Crosnier a remis à Mme Jeanne Champagne, le livre de Saint-Jean Bourdin commentant le livre des Très Riches Heures du duc de Berry, puis Monsieur Alain Bilot, président de l'Académie et Melle Isabelle Papieau, clavaire de l’Académie, lui ont remis une poterie de La Borne, avec une inscription comprenant le nom de la lauréate et la date.
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Réponse de Mme Jeanne Champagne
Je suis très honorée de recevoir ce prix. Votre discours et tant d’éloges sur mon travail me touchent profondément. Je vous remercie sincèrement de cette reconnaissance.
Je suis née dans une école non loin de Nohant, cette petite école dans le Berry est ma « source » ; un père « maître d’école », un idéal de liberté, de fraternité, vécu dès le berceau sous le regard bienveillant de Marianne.
Mon enfance a baigné dans les paysages décrits par George Sand, mais ce n’est pas à cette époque qu’elle a retenu mon attention, c’est plus tard, lorsque j’ai vraiment découvert l’écrivain, l’épouse, la mère, l’amante, la femme plurielle passionnée et passionnante qui a mis en œuvre sa vie et ses idées avec une liberté étonnante.
George Sand parle un langage de notre temps, elle est notre contemporaine. Son engagement dans son œuvre, dans sa vie et dans tous les combats de notre siècle fait prendre conscience à chacune et chacun d’entre nous de la nécessité de devenir actrice et acteur de sa vie et de l’histoire en marche.
« J’ai toujours vécu par l’idée : quand ce soleil pâlit, rien ne me charme, quand il se ranime, rien ne m’épouvante. » dit George Sand. C’est vrai, j’aurais pu être « épouvantée par l’idée de faire travailler ensemble, à l’Assemblée nationale, cent-vingt jeunes filles et jeunes gens de différentes régions de France, de Paris et sa banlieue, mais « l’idée » était si belle et le soleil de cette idée si chaud que je me suis enflammée et le bonheur de chacune et chacun a été au rendez-vous.
Jeanne Champagne, lauréate 2008 du prix Saint-Jean Bourdin.
Dans mon métier de femme de théâtre, rien ne se fait seul, c’est ce qui en fait l’originalité et la force. C’est « ensemble » que nous mettons en œuvre des idées et c’est peut-être en cela que nous rejoignons George Sand.
Aussi, avant de laisser la parole aux mille jeunes filles et jeunes gens à travers le film réalisé par Anne-Lise Maurice et Catherine Pamart, qui a pour titre « Entre la veille et le lendemain », je voudrais remercier toutes celles et ceux qui ont participé à la réalisation de ce projet, particulièrement :
Reine Prat, chargée de mission pour l’année George Sand au Ministère de la Culture ;
Jean-Louis Debré, Président de l’Assemblée nationale ;
Michel Perrot qui a rassemblé les textes politiques de George Sand ;
Georges Buisson, administrateur du Palais Jacques Cœur et de la Maison George Sand à Nohant ;
François Claude, directeur de la scène nationale d’Équinoxe à Châteauroux et sa magnifique équipe avec qui j’ai le bonheur de travailler actuellement ;
les artistes et techniciens Tania Torrens, Gwenaelle David, Laurent Charpentier, Denis Léger-Milhau, Samira Mesbahi, Mariam Gueguetchkori, Jeanne Bleuse, Franck Thevenon, Thierry d’Oliveira-Reis ;
et ici présents Gérard Didier scénographe, Anne-Lise Maurice, ma fidèle collaboratrice et Yvan Bernardet, régisseur de plateau.
Pour conclure, j’emprunte encore une fois ces quelques mots à George Sand :
« Tout de que l’artiste peut espérer de mieux
C’est d’engager ceux qui ont des yeux à regarder aussi. »
Jeanne Champagne remercie également celles et ceux qui nous ont accordé leur soutien :
Drac Centre ;
Drac Île de France ;
Conseil régional du Centre ;
Conseil général de l’Indre ;
Monum ;
Le Ministère de l’éducation nationale ;
La DDAI (délégation au développement et aux affaires internationales) ;
ARCADI (action régionale pour la création artistique et la diffusion en Île-de-France) et avec la participation artistique du Jeune Théâtre National.
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Académie du Berry
2007
Séance solennelle du 20 octobre 2007 à Ainay-le-Viel (Cher)
Remise du prix Saint-Jean Bourdin 2007,
à M. Gérard Coulon, Conservateur en Chef du patrimoine
Allocution de Mme Catherine Réault-Crosnier, Présidente du prix
Le prix Saint-Jean Bourdin est remis chaque année, à une personne honorant par son action le Berry, mettant en valeur le patrimoine de cette belle région, les coutumes, l’histoire, les arts… Monsieur Maurice Penin de Jarrien, notre regretté Président, le remettait chaque année, à une personnalité du monde littéraire. Monsieur Alain Bilot, notre président actuel, a décidé de me passer le relais et je le remercie de sa confiance. Monsieur Saint-Jean Bourdin a réhabilité le livre des « Très riches heures du duc de Berry » et c’est Monsieur Penin de Jarrien qui a décidé d’honorer cet auteur, en associant son nom au prix annuel de l’Académie du Berry. Ce livre sera remis tout à l’heure au lauréat.
Cette année, ce prix est décerné non pas à un livre mais à l’ensemble de l’œuvre d’un auteur, celle de Gérard Coulon afin de saluer son effort de vulgarisation auprès de la population générale et en particulier des jeunes, de la connaissance de la vie gallo-romaine et la promotion du patrimoine local. Je vais d’abord présenter M. Gérard Coulon puis j’analyserai l’ensemble de son œuvre.
Alain Bilot, président de l'Académie du Berry, Catherine Réault-Crosnier,
présidente du prix Saint-Jean Bourdin, et Gérard Coulon, lauréat 2007.
Sa biographie :
M. Gérard Coulon est né à Mézières-en-Brenne (Indre). Il a d’abord été professeur de français, d’histoire et de géographie puis titulaire d’autorisation de fouilles. En 1984, il travaille dans la conservation du patrimoine. Il est le fondateur et premier conservateur du musée archéologique d’Argentomagus à Saint-Marcel près d’Argenton-sur-Creuse (Indre). Il a été chargé de travaux dirigés sur la Gaule romaine à l’école du Louvre pour la préparation à l’Institut national du Patrimoine.
En 1987, il a fondé le Berry magazine qui est très apprécié et vendu à un grand nombre d’exemplaires.
Conférencier confirmé, il a réalisé environ trois cent causeries en France et à l’étranger.
De 1999 à 2003, il est devenu conservateur en chef et a dirigé à Tours, le Service des monuments et musées départementaux de la Touraine. Il a eu la charge de gestion de maisons d’écrivains comme le château de Saché où Balzac a écrit, la maison natale de Rabelais à la Devinière et le prieuré de Saint-Cosme où Ronsard a passé la fin de sa vie, la direction de châteaux (Chinon, Loches, Candé) et de musées (hôtel Goin à Tours, musée de la préhistoire au Grand-Pressigny). Il a été chargé de mission pour la mise en valeur des sites gallo-romains d’Aubigné-Racan (Sarthe), de Sanxay et de Naintré-Vieux-Poitiers (Vienne).
Il est un auteur prolifique ce qui n’enlève en rien, à la qualité de ses écrits publiés à des milliers d’exemplaires. Le Berry lui tient particulièrement à cœur puisqu’il a publié de nombreux livres sur cette région.
Le livre « La vie des enfants au temps des Gallo-romains » de M. Gérard Coulon vient d’être traduit et publié aux Pays-Bas ainsi qu’en Allemagne. Les journaux qu’ils soient locaux, régionaux, nationaux, de droite ou de gauche, sont unanimes à applaudir cette initiative de qualité, hors du commun.
Aujourd’hui, M. Gérard Coulon, archéologue, professeur d’histoire passionné par la période gallo-romaine et conservateur en chef, est un retraité très actif qui continue d’écrire et de publier, qui donne des cours dans diverses universités et des conférences en France et à l’étranger. Il est membre de l’Académie de Touraine.
Son œuvre :
Parmi ses livres les plus appréciés, édités et souvent réédités plusieurs fois, il faut citer des livres d’histoire, d’archéologie et d’autres sur le Berry. Les plus connus sont « Les Gallo-Romains » (1985, 1990, 2006), « L’enfant en Gaule romaine » (1994, 2004) –dans lequel se mêlent divinités gauloises, dieux romains et cultes orientaux dans un tableau coloré, grouillant de vie, de bruits et d’odeurs-, « Argentomagus » (1996), « Sous l’aile de Mercure, artistes et artisans en Gaule romaine » (2001), « Quand la Brenne était romaine » (2001) et surtout « Voyage en Gaule romaine » (en collaboration avec le dessinateur Jean-Claude Golvin, 2002), salué par la presse internationale. Par exemple dans ce dernier livre, Gérard Coulon évoque nos ancêtres gallo-romains et reconstruit pour nous, leur mode de vie et leur habitat : le monde des morts, le monde rural, les agglomérations, les bâtiments, les théâtres, les forums, les thermes, des îlots urbains, des villes et villas. Les illustrations nous permettent de mieux visualiser les lieux et les mœurs ; Gérard Coulon a aussi eu l’audace d’associer des textes d’auteurs latins, permettant l’accès au passé pour notre monde baigné dans le présent si concret. C’est une gageure qu’il a su relever avec succès.
Gérard Coulon est aussi un enseignant qui sait parler aux jeunes, leur expliquer d’une manière agréable, la vie gallo-romaine ce qui explique la popularité de ses conférences en milieu scolaire. Ses livres sont appréciés de tous, et fait encore plus rare, lus par la jeunesse. Ils sont attrayants, illustrés avec des dessins et aquarelles à déplier, permettant de mieux visionner en sa mémoire, l’architecture des villes gallo-romaines et la vie de l’époque. Certains ont été vendus à des milliers d’exemplaires, ce qui est un exemple s’il en était besoin, de l’impact de ses livres sur un public pourtant pas toujours enclin à réfléchir sur l’histoire.
Pour la littérature jeunesse, il faut citer « La vie des enfants au temps des Gallo-Romains » (2001, 2005), « La vie des enfants à l’époque de Pompéi » (2002), « Le Dico des Gallo-romains » (2003) - Ce dernier livre permet un large aperçu de cette civilisation, de la conquête de la Gaule par César à l’avènement de Clovis- Les mots-clés en gras, les frises de bas de page et les illustrations de qualité sont autant de moyens mémo-techniques qui permettent de mieux retenir l’attention et de plaire aux enfants. D’autres livres de cet auteur sont aussi appréciés des jeunes dont « Le Tour de Gaule raconté par deux enfants » (2004), « Les villas gallo-romaines » (2005), « La vie des enfants à Rome au temps des Césars » (2006).
M. Gérard Coulon a également publié environ 300 articles dans des revues locales et régionales et d’autres très connues, revues d’histoire, d’archéologie, littéraire, de préhistoire, d’art, de pédiatrie. Il a participé à plusieurs émissions de télévision (« Histoires naturelles » sur TF1, « Les mots de minuit » sur France 2, « Va savoir » sur France 3) et de radio (« Les p’tits bateaux » sur France Inter, France Culture, Europe 1, etc.).
Gérard Coulon a aussi été un ardent défenseur du patrimoine du Berry comme ses nombreux livres en témoignent, en particulier « Histoires de Châteauroux et de Déols » (1981), « L’eau et le grès, une Histoire de la Brenne » (1986), « Vieux métiers et pratiques oubliées en Berry et ailleurs » (1989), « L’Indre à tire d’aile » (1994), « De Méru au Bas-Berry, Les boutonneries oubliées : Le Blanc, Fongombault et Charneuil » (2005), « Une cause célèbre sous la Monarchie de juillet, l’affaire Marie Gaultier à Argenton-sur-Creuse en 1837 » (2005) affaire qui intéressa George Sand et Stendhal. Il a aussi réalisé un livre « L’Indre au cinéma, lieux et récits de tournages » qui n’a pas d’équivalent à sa connaissance ; C’est un répertoire d’une grande richesse documentaire, classé par ordre alphabétique des communes de l’Indre dans lesquelles des tournages ont été effectués de 1921 à 2006. On y découvre que de nombreux acteurs et actrices célèbres y sont passés (dont Jean-Paul Belmondo, Michel Piccoli, Jean Gabin, Jean-Claude Brialy, Gérard Depardieu, etc.). Dans le même état d’esprit, il a écrit « Argenton-sur-Creuse et ses écrivains » (1996).
En tant que conservateur d’Argentomagus, Gérard Coulon a été un des membres directeurs de publications de colloques dont celui d’Argentomagus sur « Les sanctuaires de tradition indigène en Gaule romaine » (1994) et « La Pierre dans la ville antique et médiévale » (2000). On peut citer aussi le colloque de Châteauroux sur « L’archéologie du terroir. Rupture et continuité dans l’occupation des sols » (2005).
Gérard Coulon n’a jamais fini d’écrire et de nous enrichir comme en témoigne son activité en 2007, avec en particulier, la parution de son livre « Les Voies romaines en Gaule » (chez Errance, à destination du public étudiant) et de sa participation à « L’Histoire de la France » dont il a rédigé la partie concernant l’Antiquité (livre coécrit à quatre personnes).
Comme tout écrivain passionné par son art, Gérard Coulon a toujours des livres en projet ; dont l’ « Inventaire des dolmens et menhirs du département de l’Indre » et l’ « Inventaire des graffittis gallo-romains » (en 2007 ou au début de 2008).
Conclusion :
Par son dynamisme littéraire et historique, par son impact auprès des jeunes, par la présentation de ses livres, minutieuse et attrayante, M. Gérard Coulon a permis à un public nombreux d’accéder à des sujets qui leur avaient parus au premier abord, difficiles et rébarbatifs. Il a de plus permis à ce public de se passionner par cette partie de l’histoire ancienne, en la rapprochant de la leur, par exemple en parlant de la vie des enfants aux enfants, de la maternité et de la médecine de l’époque, du Berry à travers des récits agrémentés d’images pour recréer des sortes de bandes dessinées à sa manière, cette vision étant proche du monde audiovisuel si contemporain. M. Gérard Coulon méritait donc d’être mis à l’honneur, lui qui a si bien su et continue de faire aimer notre histoire et notre patrimoine d’une manière minutieuse et respectueuse de la vérité et je suis heureuse de lui remettre le prix Saint-Jean-Bourdin au vu de l’ensemble de son œuvre si originale, ludique et éducative.
Mme Catherine Réault-Crosnier
Au nom de l’Académie du Berry, Mme le Docteur Catherine Réault-Crosnier a remis à M. Gérard Coulon, le livre de Saint-Jean Bourdin commentant le livre des Très Riches Heures du duc de Berry, et Melle Isabelle Papieau, Clavaire de l’Académie, lui a remis une poterie de La Borne, liée au patrimoine du Berry, avec une inscription comprenant le nom du lauréat et la date.
Réponse de M. Gérard Coulon
Je voulais simplement dire quelques mots, si vous le permettez. Cette récompense et ces cadeaux ne peuvent que m’inciter à continuer à écrire. Vous savez que lorsqu’on reçoit un prix, on dit généralement « Cela ne m’intéresse pas ». Mais finalement on est touché et aujourd’hui, je reconnais que je suis profondément touché.
Je vous remercie d’avoir pensé à moi pour le prix Saint Jean Bourdin. Je reçois cette récompense pour l’ensemble de mon œuvre. Il faut avouer que cette expression « l’ensemble de mon œuvre » est quelque peu pompeuse parce que, quand on a écrit un certain nombre de livres, est-on persuadé pour autant d’avoir construit une œuvre ? Certainement pas, œuvre ou simple succession de livres, c’est le public qui, in fine, décide. « L’ensemble de mon œuvre »… je ne sais pas si vous ressentez la même impression que moi mais j’ai la nette sensation qu’après cette remise de prix, c’en est fini pour moi. Eh bien, non ! Certains le déploreront, d’autres s’en réjouiront peut-être, mais je continuerai à écrire tant que Dieu me prêtera vie.
Redevenons un peu sérieux. Quel est le moteur qui nous pousse à écrire ? C’est vrai que lorsque je n’écris pas, et mes proches le savent, je deviens neurasthénique et pourtant, je suis d’un caractère gai. J’ai besoin d’écrire. J’ai un besoin vital d’écrire. Ce qui m’anime, ce sont la curiosité, la passion et l’éclectisme. Vous avez constaté à la lecture du Docteur Catherine Réault-Crosnier que j’écrivais sur différents thèmes et cet éclectisme, je le revendique haut et fort. Je ne veux pas être un spécialiste confiné dans un domaine unique, par exemple l’enfant en Gaule romaine pour lequel j’ai écrit plusieurs ouvrages. Je tiens à conserver une fraîcheur d’esprit en m’attaquant à des sujets que j’aime, qui me passionnent mais pour lesquels j’ai besoin de mener de longues recherches. Et j’avoue que passer d’un thème à un autre me stimule tout particulièrement. En ce moment, par exemple, je travaille sur la Touraine au cinéma. J’ai peut-être attaqué un sujet un peu trop ambitieux puisqu’on y a tourné des films extraordinaires, voire mythiques comme La Belle et la Bête, comme le Van Gogh de Pialat… J’éprouve une sorte de délassement à passer d’un sujet à un autre et à me dépayser complètement les neurones et les mécanismes de création. Donc je continuerai à écrire, d’autant que l’écriture me procure d’intenses émotions. Mais n’écoutez jamais, et surtout ne croyez jamais un auteur qui vous dit qu’écrire le rend heureux. C’est faux, archi-faux ! L’écriture procure une véritable souffrance intime. Mais lorsque l’œuvre est terminée, quel bonheur, quand bien même les mots sont maladroits et finissent par vous trahir. Écrire, publier, c’est pour moi une source d’émotions profondes dont je ne puis me passer. Et finalement, la plus belle des émotions n’est-elle pas celle que l’on partage avec les autres, c’est-à-dire avec les lecteurs ? Je vous remercie.
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Académie du Berry
2006
Séance solennelle du samedi 4 novembre 2006,
à Bourges
Remise du prix Saint-Jean Bourdin,
à Messieurs Jean-Mary Couderc et Régis Miannay
pour leur livre « Le Berry insolite »
Allocution de Mme Catherine Réault-Crosnier, Présidente du prix
Le prix Saint-Jean Bourdin est remis chaque année, à une personne honorant par son action le Berry, mettant en valeur le patrimoine de cette belle région, les coutumes, l’histoire, les arts… Saint-Jean Bourdin a réhabilité le livre des « Très riches heures du duc de Berry » et c’est Monsieur Penin de Jarrien, notre regretté Président, qui a décidé d’honorer cet auteur, en associant son nom au prix de l’Académie du Berry. Il le remettait chaque année, à une personnalité du monde littéraire. Monsieur Alain Bilot, notre président actuel a décidé de me passer le relais, et je le remercie de sa confiance. Ce livre sera offert tout à l’heure aux lauréats, accompagné d’un magnum gravé pour conserver les goûts du terroir berrichon.
Cette année, ce prix est décerné non pas à une mais à deux personnes puisque le livre choisi est né de la collaboration de deux écrivains, Monsieur Jean-Mary Couderc et Monsieur Régis Miannay qui sont deux universitaires. Je vais vous les présenter puis j’analyserai leur livre, « Le Berry insolite » qui est primé ce jour.
Monsieur Jean-Mary Couderc est né en 1939 à Rillé en Indre-et-Loire. Il est président de l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Touraine depuis 2002, biogéographe passionné, maître de conférences honoraire en géographie, archéologue du paysage à l’Université de Tours, (chargé de cours honoraire à l’Université d’Angers), ancien président de la SEPANT, Société pour l’Étude, la Protection et l’Aménagement de la Nature en Touraine.
Monsieur Jean-Mary Couderc a, ou a eu, de nombreuses responsabilités dont celle d’être membre de la commission des Sites, Perspectives et Paysages d’Indre-et-Loire (de 1976 à 2006), correspondant départemental des Antiquités Historiques pour le département d’Indre-et-Loire, directeur régional honoraire de la revue géographique « Norois » des universités de l’ouest de la France (de 1989 à 2002), expert auprès de l’INAO (Institut des Appellations Contrôlées) pour les fromages (Valençay, Selles et Sainte-Maure) et les vignobles (Appellation Contrôlée Touraine) (depuis 1995), membre du Conseil scientifique du domaine de Chambord (depuis 1997), membre du conseil scientifique régional du parc régional naturel Loire-Anjou-Touraine et du patrimoine naturel (depuis 1998), membre du conseil scientifique régional des réserves biologiques de l’ONF (depuis 1999).
Notre lauréat fait partie de très nombreuses associations pour la défense de la langue française, de l’ornithologie, de la géographie, de l’archéologie, de la phytosociologie, de la Hongrie…
Il est à l’origine de découvertes scientifiques qui, comme ses livres, sont insolites : découverte d’un hybride d’alose, des espèces de mousses de tourbières en région Centre, du plus bel exemple de « Celtic Fields », champs de l’âge du Bronze, (dans les landes de Cravant, en Indre-et-Loire), d’un type de marais calcaire inconnu jusqu’ici en France (à Beaumont-la-Ronce et Saint-Paterne-Racan), d’un polissoir fixe dans une forêt (commune de Chanceaux-sur-Choisille).
Notre lauréat a beaucoup enseigné tout d’abord dans divers lycées et écoles normales puis en facultés à Tours et Angers.
Monsieur Jean-Mary Couderc a publié de nombreux livres d’histoire et de géographie locale dont une série comportant le mot « insolite » dans le titre de l’ouvrage comme par exemple « L’Anjou insolite », « Le Loiret insolite », « Saint-Avertin insolite », « La Touraine insolite », « La Loire insolite » et maintenant « Le Berry insolite ».
Biogéographe passionné, M. Jean-Mary Couderc a publié de très nombreux ouvrages, presque une vingtaine de 1987 à 2006 dont en 2006, un ouvrage sur « Les arbres remarquables de Touraine ». Ce livre peut changer notre regard sur la nature qui nous entoure. Le patrimoine naturel mérite bien d’être recensé et sauvegardé, au même titre que les monuments historiques.
Ami de longue date de M. Jean-Mary Couderc, Monsieur Régis Miannay est professeur émérite à l’université de Nantes, membre de notre Académie et membre de l’Académie de Touraine, président de l’association des Amis de Maurice Rollinat. Il est professeur de littérature française moderne et contemporaine et réalise des conférences dans le monde entier.
Régis Miannay est né, le 2 octobre 1938, à Amiens. Ses parents sont originaires de Picardie mais s’installent à Chassignolles, près de La Châtre, en 1940, puis à Argenton-sur-Creuse où ils sont enseignants.
Dans son enfance, Monsieur Régis Miannay entend parler du poète Maurice Rollinat et de son cousin, Raymond Rollinat qui fut un des savants naturalistes du siècle dernier. Ces conversations familiales ont certainement contribué à éveiller son intérêt pour la littérature et la connaissance du Berry.
Au début de sa carrière, il fait publier deux œuvres de Maurice Rollinat : « Dans les brandes » en 1971, et « Les névroses » en 1972, aux éditions Minard, Paris. En 1979, il soutient une thèse de doctorat d’État sur Maurice Rollinat, l’homme et l’œuvre, à la Sorbonne. Sa thèse sera publiée en 1981, sous le titre « Maurice Rollinat, poète et musicien du fantastique ». Cette thèse m’a enthousiasmée par sa clarté, sa profondeur de recherche et sa présentation chronologique d’accès facile. M. Régis Miannay est officier des palmes académiques.
Monsieur Miannay est un homme très actif. Il est aussi président des Amis de la bibliothèque municipale de Nantes, membre du jury du prix littéraire de la ville de Châteauroux, président des Amis de Maurice Rollinat. Il a écrit de nombreux articles sur ce poète et s’est également intéressé à des écrivains de la fin du dix-neuvième siècle comme Hugues Rebell, Marcel Schwob, Jules Verne, ou le poète René Guy Cadou.
Monsieur Régis Miannay a aussi séjourné à l’étranger pour des cours (neuf fois aux États-Unis) ou pour des conférences et des recherches (qui l’ont conduit en Chine, au Japon, en Corée, au Canada). Pendant l’année scolaire 2005 - 2006, il a été choisi pour exercer en tant que professeur de Français à l’Université du Sud, à Sewanee, dans le Tennessee, aux États-Unis. Il a noté que le Français est la deuxième langue vivante étudiée aux États-Unis et que notre littérature et notre culture jouissent d’une excellente réputation. Monsieur Régis Miannay est donc un ardent défenseur de notre belle langue française.
Toutes ces constatations au sujet du travail et des recherches de ces deux universitaires, illustrent bien leur dévouement à la cause littéraire et plus particulièrement berrichonne et ce livre qu’ils viennent de faire paraître, en est témoin de plus.
Présentation du livre « Le Berry insolite » :
« Le Berry insolite » couvre les départements du Cher et de l’Indre ; il a une présentation attrayante : à chaque page, figurent des illustrations, des photos. L’ensemble du Berry est concerné dans sa diversité géographique, naturelle, culturelle, historique, ancestrale, coutumière, littéraire, du bocage du Boischaut aux bords de la Loire ou de l’Allier, des marais de Bourges aux étangs de la Brenne.
Vous trouverez des articles d’une à deux pages, traités de manière originale avec beaucoup de recherches. Elles sont le témoin de l’assiduité de ces deux auteurs et de leur connaissance profonde de cette région de France. Jean-Mary Couderc et Régis Miannay ont rassemblé des documents pendant plusieurs années, ont échangé leurs points de vue entre eux et avec les autres, avec cet objectif, obtenir un ensemble cohérent et insolite de grande qualité. La diversité et la qualité des thèmes abordés ici avec beaucoup de minutie en sont les témoins.
Les amateurs de nature et de géographie seront attirés par la première partie de cet ouvrage : vous verrez par exemple qu’Argenton a des points communs avec la montagne à travers ses espèces végétales ou encore que la marnière des Prunes liée à des prélèvements de marne, a permis de mettre à jour des fossiles et des ossements qui ont intéressé en particulier Pierre Rollinat, arrière-grand-père du naturaliste argentonnais, Raymond Rollinat qui lui, a ensuite conservé ce qu’il a reçu de son aïeul. (p. 20)
Dans le chapitre consacré à la nature, vous découvrirez ou retrouverez de nombreuses espèces animales et végétales. Il y avait un côté insolite à choisir parmi les animaux, le loup (p. 38), la cistude, tortue d’eau de Brenne (p. 45), la couleuvre zamenis, verte et jaune, impressionnante par sa taille de 1 mètre 30 à 2 mètres et qui a des noms charmants : « fouet, loup cinglant, sanglard, sanyard ou san-yâs » (p. 47), sans oublier l’incontournable Grand Noir, l’âne du Berry, en cours de réhabilitation (p. 48), ni le félin des forêts berrichonnes, le chat forestier ou chat sauvage (p. 51), de même que l’aigle botté (p. 50). Pour les fleurs, vous trouverez le royaume des orchidées qui n’est pas au paradis mais dans le Berry (p. 30).
Ceux qui ont le culte des traditions, s’attarderont sur les curiosités venues du passé car nos deux lauréats sont les gardiens des coutumes du Berry, comme celle du pèlerinage du Précieux sang du Christ (p. 62) ou celles plus terrestres, à tendance culinaire avec « Les fleurons de la cuisine berrichonne » (p. 188) ou artistiques avec « Les céramiques du Berry : de Verneuil à La Borne » (p. 184)…
Dans le même état d’esprit, Jean-Mary Couderc et Régis Miannay ont été attentifs à la sauvegarde du patrimoine, à travers des objets insolites comme par exemple « Un pont-couvert unique restauré » au Pont-Chrétien dans l’Indre (p. 78) ou « Un musée de la pierre à fusil » (p. 88).
La littérature n’est pas délaissée, bien au contraire :
Maurice Rollinat est ici à l’honneur en tant que pêcheur à la ligne, ce qui est pour le moins original. La philosophie de vie de cet homme est mise en relief, par la description de l’ambiance champêtre dans laquelle il aimait se ressourcer. Nous nous régalons de la minutie de description des techniques de pêche que ce poète emploie par exemple : « L’hiver, par eaux louches, il pêche dans les remous le « chaboisseau » (le chevesne) en appâtant avec de la raclure de boyaux de porc. » (p. 117).
Imaginer George Sand à la chasse aux papillons, semble faire partie du rêve mais non car nous découvrons dans ce livre que cette romancière appelée la lepidoptérologue de Gargilesse, avait une passion pour les papillons (p. 113). Son fils Maurice continuera ses recherches et recensera 3000 espèces !
Maurice Genevoix a aussi sa place parmi les amoureux de la nature : après une petite biographie, Régis Miannay nous entraîne sur les pas des gardes et braconniers que Maurice Genevoix avait plaisir à rencontrer. Le père Touraille mis à l’honneur (p. 181) était « empailleur d’animaux, beau-père de Raboliot ». « Il s’agit d’un naturaliste de Brinon, Louis Beaufils, qui eut de nombreuses conversations avec le romancier, ce que nous a appris son petit-fils, Monsieur Jacques Thuault, directeur adjoint des Douanes en retraite, lui-même poète et auteur de contes et nouvelles. ». J’ajouterai qu’il est membre de notre Académie et a obtenu le prix Saint-Jean Bourdin. M. Miannay a interviewé M. Thuault qui a pu lui donner des précisions sur une rencontre entre Louis Beaufils, le père Touraille et Maurice Genevoix, en particulier d’un repas qu’ils ont partagé : « Une ou deux fois, il resta dîner d’une soupe à la crème et au pain accompagnée de chanciau (omelette épaissie avec de la farine) comme c’était l’habitude en Sologne. » (p. 181) Ce sont de petits détails succulents comme ceux-ci qui font la beauté de cet ouvrage. Ici et là, le lecteur peut découvrir des facettes inhabituelles mais véridiques des gens, des coutumes, de la beauté de la nature.
Alain-Fournier a beaucoup de ressemblance avec son héros comme son attrait pour la bicyclette et le monde secret qu’il a découvert à travers les paysages. Nous pouvons alors partir à la recherche de son domaine mystérieux avec sa sœur Isabelle Rivière ou avec Alain Rivière par exemple (p. 179).
Pour terminer, nous nous régalons de recettes de cuisine insolites comme la soupe à la citrouille ou la soupe au vin. La littérature y resurgit par le biais d’un poème de Maurice Rollinat sur la mort du cochon. En dessert, nous pouvons déguster des croquets de Sancerre, les forestines de Bourges ou massepains d’Issoudun célébrés par Balzac (p. 189). Ce livre se termine par « Bon appétit ! ». Tout gourmand des papilles gustatives ou tout amateur de lecture saura apprécier cet ouvrage qui est un inventaire précieux du patrimoine secret du Berry, alliant la précision à l’humour.
Bravo donc à Messieurs Jean-Mary Couderc et Régis Miannay qui sont comme vous pouvez vous en douter, deux passionnés du Berry. Voici donc le moment de remettre leur prix aux lauréats.
« Le Berry Insolite » (éditions CLD, Tours, 190 pages, 2006, prix : 25 €)
Mme Catherine Réault-Crosnier
Réponse de Jean-Mary Couderc
J’irai au-delà de mon remerciement personnel que j’adresse très sincèrement à votre bureau et à tous ceux bien sûr qui nous ont aidés, pour vous dire la joie que j’éprouve lorsque je me trouve comme aujourd’hui, dans un temple, quelqu’il soit, pratiquant la religion du livre et toutes les attitudes non sectaires qui provoquent la lecture et la culture.
Vous savez que tout ouvrage est à la fois un message et un sujet d’analyse et participe quelque peu, quelque part, du sacré, n’ayons pas peur des mots, du mystère comme les œuvres des forgerons africains. C’était une des raisons pour laquelle j’avais créé chez l’éditeur CLD, cette collection « insolite ».On pourrait même dire que les livres qui sont vecteurs d’idées fausses, dangereuses pour nous-mêmes, sont des éléments de réflexion et des jalons dans le difficile combat pour le bien, le beau et les lumières. C’est Carlos Ruiz Zafón dans « La sombra del viento », « l’ombre du vent », qui sort en livre de poche en ce moment, qui a écrit que « chaque fois qu’un livre change de main, que quelqu’un promène son regard sur ses pages, son esprit grandit et devient plus fort ». Comme l’a écrit André PalluelGuillard, président honoraire de la Société savoisienne d’histoire et d’archéologie, ancien responsable de l’Académie savoisienne, un excellent ami de Régis Miannay et de moi-même : « L’intelligence d’un groupe dépend de celle de ses membres en particulier » et je crois que d’aucuns me suivraient tout à fait, en regardant, en pensant par exemple, à une grande équipe de football.Que dire alors des intelligences réunies et croisées de nos deux Académies, par exemple ? Je ressens un réel plaisir en voyant d’une part au travail, une Académie régionale, la vôtre, qui s’est rénovée avec succès et d’autre part des liens de plus en plus étroits tissés entre l’Académie du Berry et l’Académie de Touraine. Cette trame, ce réseau s’est mis peu à peu en place d’une part avec mon associé en écriture, Régis Miannay qui est à la fois académicien de chez vous et académicien de Touraine, comme Madame Réault-Crosnier l’a dit tout à l’heure, Madame Réault-Crosnier, membre du Haut Conseil de l’Académie du Berry, membre du bureau des Amis de l’Académie de Touraine et secrétaire des Amis de Maurice Rollinat, société présidée par Régis Miannay dont je suis devenu un modeste membre. Et pourtant quel mal n’a-t-on pas dit naguère des académies de province ? En général mal comprises, on s’est complu à ne retenir que les us obsolètes et les décorums hors d’âge dont il est vrai, certaines ont quelque peu abusé.Je me contenterai de citer le toujours vert Boucher de Perthes, vantant les mérites de l’Académie d’Amiens : « On se moque des académies de province et l’on a tort. Leur concours pourrait avoir une influence très grande sur les progrès du siècle, malheureusement, elles sont toujours vues d’un mauvais œil par l’autorité locale qui s’imagine que dès qu’elles marchent, c’est sur ses attributions. »
Il existe certes une conférence nationale des académies, mais outre qu’elle soit quelque peu élitiste, elle est quelque peu coupée du terroir. Je crois à l’intérêt des projets d’échange de conférences, mieux au projet d’un colloque ou d’une réunion entre plusieurs Académies du Centre, une fois l’an ou tous les deux ans, chez l’une ou chez l’autre, sur un thème les intéressant toutes et débouchant sur un ouvrage de qualité dont les frais seraient assumés à chaque fois par les académies participantes et la Région. Je souhaite que nos liens se renforcent comme ils se sont déjà renforcés avec l’Académie d’Orléans et l’Académie d’Angers ; à voir, à développer. Merci encore.
Réponse de Régis Miannay
Monsieur le Président, chers amis de l’Académie du Berry, Mesdames, Messieurs,
Je voudrais vous exprimer ma reconnaissance la plus sincère pour cette magnifique cérémonie et pour ces cadeaux, ces éloges qui sont, à mon avis, disproportionnés par rapport à ce que nous avons fait. Je pense très sincèrement que c’est à moi de vous remercier parce que, pour imiter un de nos grands écrivains, ce livre, je sais que c’est vous-mêmes qui l’avez écrit, c’est-à-dire que c’est un peu tous les Berrichons que j’ai rencontrés, tel notre ami Monsieur Jacques Thuault, qui m’ont fourni, souvent de façon inattendue, la matière des pages que j’ai pu écrire. Ce fut un grand bonheur d’avoir de nombreux interlocuteurs qui furent mes guides dans ce domaine si riche.
Mes recherches sur Maurice Rollinat ont favorisé celles sur le Berry car, vous le savez, on commence par un sujet qui vous en fait découvrir d’autres dans un enchaînement qui ne finit pas. Comment ne pas penser avec reconnaissance à des personnes comme Georges Lubin qui a été mon ami, qui m’a beaucoup aidé pour préparer ma thèse sur Maurice Rollinat, au collectionneur Joseph Thibault chez qui je suis allé pendant des années et qui m’a emmené –il faudrait écrire à ce sujet tout un livre– visiter la Brenne, qui m’a parlé longuement du Berry et des personnalités du Berry ? Ce furent mes premiers, mes grands initiateurs. Mais il y en a bien d’autres que je devrais citer aussi, qui sont moins connus. Je leur adresse à tous un grand merci.
Je voudrais rappeler aussi que je partage le contenu de ce livre avec mon ami Jean-Mary Couderc. Il n’existerait pas si nous n’étions pas là tous les deux. Il y a des pages que j’ai écrites parce que j’étais bien familiarisé avec le sujet, il y en a beaucoup d’autres, bien sûr, qui sont redevables à Jean-Mary Couderc, surtout sur la nature. Moi, je suis plutôt le littéraire, l’historien. Vous reconnaîtrez les pages qui portent sur ces domaines.
Nous avons eu une collaboration merveilleuse et finalement on peut reconnaître nos sensibilités un peu différentes, mais notre collaboration a toujours été très amicale, très cordiale. Je vois que c’est peut-être ce qui fait l’intérêt de ce livre qui est très sincère, qui tient compte des opinions des uns et des autres, et qui obéit en même temps à une grande rigueur. Nous avons voulu être aussi plaisants et rigoureux que possible.
Nous vous remercions pour ce Prix qui est un précieux encouragement.
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