SEANCE SOLENNELLE Bourges 15 avril 2023

 

 

 

SÉANCE SOLENNELLE DE PRINTEMPS

Du samedi 15 avril 2023 à Bourges (18)

 

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Ce 15 avril 2023, un vent glacial soufflait sur le parvis du portail du Jugement Dernier de la Cathédrale de Bourges (18000 Cher), où les membres de l’Académie du Berry avaient rendez-vous pour une visite de ce monument religieux sous la conduite par M. Olivier Nauleau

 

 

 

 

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Mme Danielle Bahiaoui, secrétaire générale de l’association internationale des Amis de George Sand, a surpris l’auditoire par la lecture d’une lettre de George SAND à Emile Regnault en 1831, dans laquelle elle faisait l’éloge de la cathédrale Saint-Étienne en insistant sur les bizarreries de son architecture.

 

 

 

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M. Olivier Nauleau, rebondissant sur le terme « bizarreries », a utilisé avec subtilité cette lettre pour introduire son discours : « Saint-Étienne de Bourges, une architecture et des images au service du pouvoir des Archevêques, Patriarche-Primat des Aquitaines »

L’érudition de M. Olivier Nauleau nous a permis de découvrir une partie de l’histoire architecturale et politique de cet édifice.

 

 

 

 

 

A 12h30 tous les membres se sont retrouvés à l’hôtel Mercure de Bourbon pour un agréable déjeuner dans un cadre d’une ancienne chapelle 

 

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La séance solennelle a débuté à 14h45 dans la salle de réunion de l’hôtel Mercure de Bourbon

M. Alain BILOT, Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres, Président de l’Académie du Berry a pris la parole pour remercier et féliciter M. Olivier Nolleau de sa remarquable visite du matin.

Il a ensuite présenté les quelques membres du Haut-conseil siégeant à ses côtés : M. le Professeur BAZOT Chancelier, M. Philippe Magne membre du Haut-conseil, M. Jilali Bahiaoui Clavaire et M. Thierry Chamfrault conférencier.

Le Président a demandé aux nouveaux candidats de se présenter :

M. Olivier Nauleau berrichon né à Saint Amand Mont-Rond, professeur agrégé d’histoire de l’art au lycée Alain Fournier à Bourges.
M. Thierry Chamfrault berrichon, Ingénieur enseignant à l’école des mines, consultant sénior dans les systèmes d’information, entrepreneur. 
Mme Annick Dussault berrichonne du côté paternel, Attachée de conservation du patrimoine, tourisme et culture, ancienne directrice du musée George Sand de La Châtre.
Mme Marie-Thérèse Lafage née à Saint-Chartier (Indre) chef d’établissement, retraitée de l’Éducation Nationale.
M. Charles Morin berrichon par sa mère, Gérant Concorde-Etoile à Paris.

 

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L’après-midi s’est poursuivi par une passionnante conférence de M. Thierry Chamfrault, qui nous a fait découvrir un berrichon inconnu…célèbre :   

Nicolas Catherinot (1628 – 1688) :

 

1C106A46-2483-4362-BDCA-AA3AEEB98AFE_1_201_a Il nous plait de penser que cet homme, d’une grande érudition, présentait suffisamment de particularités pour qu’il puisse être déclaré comme un homme d’un autre temps, c’est-à-dire un homme de notre temps.  

Il était curieux, tout l’intéressait et surtout rien ne l’arrêtait. Certains ont même été jusqu’à le surnommer « Monsieur je sais tout ». De surcroit, il fut identifié parmi les « polygraphes ». Durant une trentaine d’années il a rédigé et publié, à compte d’auteur, environ 140 opuscules dont la thématique fut tout autant variée que nombreuse. Citons pour l’exemple, un traité d’architecture, d’Artillerie, d’imprimerie, ….

Cette conférence s’est terminée par un débat, alimenté par de très nombreuses questions pertinentes, témoignant de l’intérêt des membres de l’Académie.

 

 

M. le Président a cité les personnes absentes-excusées, entre autres : 

Monseigneur Jérôme Beau, Archevêque de Bourges, Primat des Aquitaines. 

S.A.R. la Princesse Françoise de Bourbon Lobkovitz.

La Comtesse Marie-France de Peyronnet, Présidente d’Honneur du CAB (Cercle Amical du Berry).

Le Président du CAB, M. Jean-Claude Miskovsky, victime d’une grève non prévue de la SNCF.

Mme la Sénatrice Frédérique Gerbaud .

M. Nicolas Forissier, Député et conseiller régional.

M. Serge Descout membre d’Honneur de l’Académie du Berry et ancien Président du Conseil départemental (ancien Conseil Général) de l’Indre. 

M. Marc Fleuret, Président du Conseil Départemental de l’Indre.

M. le Ministre et maire d’Issoudun, André Laignel.

M. Patrick Judalet, maire de La Châtre.

M. Yann Galut, maire de Bourges

M. Didier Brugère, conseiller départemental du canton de Dun-sur-Auron.

Mme Catherine Reault-Crosnier, Présidente d’honneur du prix littéraire de l’Académie du Berry.

M. Régis Crosnier, vérificateur des comptes de l’Académie.

Mme Michelle Ologoudou-Savignat, membre du Haut-conseil

M. Bernard Capo, artiste illustrateur.

Mme Vanessa Weinling, Directrice du Musée George Sand chez Mairie de La Châtre

 

Le Haut Conseil a nommé :

M. Olivier Nauleau et M. Thierry Chamfrault membres titulaires, Mme Annick Dussault et M. Charles Morin membres correspondants

 

Pour l’organisation de cette session, Le Haut Conseil a remercié M. Philippe Magne, M. Jilali Bahiaoui, et se félicite de la présence de Mme Marie-Hélène Fonvielle secrétaire de rédaction de la GAZETTE BERRICHONNE et M. Philippe Magne administrateur du CAB

 

 

La session s’est terminée à 17 h30 par une brillante synthèse de notre Chancelier M. le Professeur Maurice Bazot, médecin général directeur honoraire du Val-de-Grâce, dont voici le texte :

 

Synthèse orale du chancelier reconstituée dans l’après-coup, à quelques rares approximations près et avec des notes de bas de page justifiant son propos.

 

 

17703DAD-58C1-4074-82C6-566BC480C9C2 Mmes et Mrs les académiciens, anciens ou nouvellement nommés -que je félicite ; mon général, Mesdames, messieurs ;

Monsieur le Président, cher ami,

A plusieurs reprises vous avez refusé ma démission. Puis vous avez fait le forcing pour que j’assiste à cette séance solennelle malgré d'importantes difficultés familiales. Je vous en suis finalement très reconnaissant. Grâce à vous j’ai pu renouer avec un certain nombre d'amis académiciens et apprécier la grande qualité de cette séance.

Vous me demandez d'en faire la synthèse… est-ce bien prudent et raisonnable, à 90 ans passés… Mais je suis votre obligé et je vais me livrer à ce bref exercice.

 

Permettez-moi l’évocation d’un souvenir personnel. Passant rue Porte Jaune pour rejoindre le parvis de la cathédrale, j’ai retrouvé en moi l’adolescent timide qui osait se pencher par-dessus l’épaule d’un clochard aux cheveux longs, habillé en femme, alors qu’accroupi sur le trottoir il fignolait à la plume un dessin de la façade de Saint-Etienne. Je veux parler de Marcel Bascoulard. Ce polyglotte, poète, photographe, dessinateur autodidacte de génie a laissé une trace indélébile dans la mémoire collective des berruyers.

 

A peine entrés dans la cathédrale, Madame Danielle Bahiaoui nous a offert une introduction inattendue et inédite : une lettre de Georges Sand datée de 1831. Et d’emblée mon attention fut accrochée ! La girouette de la cathédrale est un pélican ! On apprend à tout âge, à ma honte de berruyer n’ayant quitté ma ville natale qu’à l’âge de 18 ans. Non un coq mais ce pélican[1] symbole de la bonté qui –croyait-on au Moyen-Âge- s’ouvre les entrailles pour nourrir ses petits. (Cette légende avait trouvé sa source dans la vue des morceaux de poissons sanguinolents régurgités pour ce faire).

 

Un second mot-clé de cette lettre -« bizarreries » -a servi de fil d’Ariane à Monsieur Olivier Nauleau.

Du fait de sa grande culture et de sa connaissance intime du bâtiment, il a habilement brodé sur ce constat jusqu’à retrouver son thème initial : une architecture et des images au service au service du pouvoir des archevêques, patriarche-primat d'Aquitaine.

- « Bizarre » cette cathédrale avec ses cinq portails, ses quatre bas-côtés et sa nef centrale, son absence de transept…Vous nous avez montré à cette occasion comment il était possible de voir la nef centrale haute de 37 mètres à partir des galeries une et cinq. Prouesse architecturale qui inscrit les cinq dans un triangle (ce qui n’est pas le cas à Notre-Dame de Paris).[2]

- Vous avez illustré par vos commentaires passionnés la situation singulière de charnière de Bourges et son importance géopolitique. Bourges avait de l'intérêt pour le roi car elle intervenait dans une région qui lui échappait, le sud de la France. Grâce à un faux, l’influence royale allait finalement s’étendre jusqu’à l’Aquitaine par l’intermédiaire de l’archevêque de Bourges nanti du titre de primat d’Aquitaine, assurant ainsi une suprématie sur la grande Aquitaine c'est-à-dire sur Toulouse Bordeaux et autres lieux.

Le pouvoir royal et religieux allait s’inscrire dans la pierre à partir des modèles offerts par Saint Jean de Latran, Sens et Paris.  Toujours plus haut, toujours plus beau. Ainsi des voutes de la nef centrale avec leurs arcs en ogive sexpartites et -inspirées de Canterbury - les voutes des triforia, à la fois esthétiques et fonctionnelles, la forme de ses piliers. Enfin, l’usage de tirants de fer que vous nous avez montré, traversant les vitraux.

Monsieur vous m'avez ébloui. j'aurais bien aimé lorsque j'étais il y a pas mal d'années élève au lycée Alain-Fournier avoir un professeur d'histoire tel que vous. Toute ma gratitude.[3]

 

Monsieur Thierry Chamfrault, monsieur l’académicien, cher collègue puisque vous avez brillamment intégré notre compagnie. Vous nous avez démontré l'étendue de votre culture et de vos connaissances puisées en partie dans le fonds ancien exceptionnel que vous avez acquis[4].  Vous avez illustré votre propos de larges extraits de ces opuscules qui ont échappé aux destins funestes que leur auteur avait énuméré lui-même avec humour.

Qu'ajouter au brio de votre démonstration quand il s'est agi de mieux nous faire connaître Nicolas Catherinot, juriste, avocat, historien et polygraphe français « touche à tout » et précurseur, auteur de plus de 120   opuscules sur les thèmes les plus variés, de l'artillerie aux souterrains de Bourges.

Je n’aurais garde de paraphraser une conférence encyclopédique encore toute fraiche à la mémoire de l’auditoire, au risque de dénaturer votre propos.

A défaut, je vais me permettre de picorer dans votre exposé.

Dans votre première diapo, vous avez discrètement planté le décor royal contemporain de la vie de votre héros et des siens. J’ai constaté à cette occasion que son épouse Marie d’Orsanne était née en 1638, la même année que Louis XIV…

Puis-je enfin vous taquiner sur le titre de votre conférence, s’agissant de l’adverbe « totalement » qui précède « méconnu ». 

Méconnu, sans doute, mais pas totalement de vos collègues académiciens du Berry …   Lecteurs assidus du site de notre académie, ils avaient pu lire les quelques lignes que vous lui aviez déjà réservées, conclues par l’annonce de votre conférence.

Connu également de certains lecteurs de Wikipédia. Tout le monde n’a pas le privilège de s’y voir consacré une rubrique.

Connu également de certains auteurs berrichons. J’ai dans ma bibliothèque un ouvrage intitulé « Bourges mystérieux » qui cite en référence Nicolas Catherinot.  

 

Enfin soyons un peu de notre temps en consultant le chat GPT.  J'ai eu la curiosité d’explorer ce logiciel soit-disant génial qui rédige et édite déjà des romans et des livres pour enfants. 

Et bien, rassurons-nous, l’intelligence artificielle n’est pas à la veille de supplanter les historiens. Si certaines de ses performances concernant des sujets d’actualité m’ont stupéfié, il a été au contraire incapable de définir exactement ce qu'est notre académie, pas plus que de développer les thèmes abordés aujourd’hui. Nul !

Des chercheurs de la qualité de nos conférenciers d’aujourd’hui ont encore de beaux jours devant eux pour exhumer et mettre en forme les trésors qui dorment encore dans les bibliothèques.

 

Enfin je n’aurai garde d’oublier de remercier chaleureusement monsieur Jilali Bahiaoui, efficace responsable de la logistique et monsieur Philippe Magne, régional de l’étape, pour la remarquable organisation de cette séance académique. Ce matin, lors de la visite de la cathédrale, votre pensée a dû s’échapper un instant vers la forêt de charpentes de près de mille chênes qui nous surplombaient, même si aucun d’entre eux à ma connaissance ne vienne de la forêt de Tronçais qui vous est si chère.

 

Encore une fois un grand merci à nos intervenants que je vous demande maintenant d’applaudir. 

 

 

[1] Dès le troisième siècle après JC, la chrétienté représentait le pélican dans les stalles d’églises, les enluminures, les chapiteaux et statues en tant que symbole de piété et de charité, son image renvoyant au sacrifice du Christ, versant son sang pour le salut du genre humain, figuré par ses petits.

[2] C’est aujourd’hui le quatrième anniversaire de son incendie.

[3] J’avais oublié de mentionner dans mon propos votre « scoop » final ! L’un des architectes de la cathédrale Saint-Étienne se nommerait Étienne et serait représenté dans l’un des escaliers qui mène à l’église basse.

[4] Monsieur Philippe Magne s'en était fait l'écho ainsi que votre propension à l’enrichir par la fréquentation des salons spécialisés en livres anciens

 

 

 

 

Pour le Haut Conseil                                           lien pour téléchargement PDF

Monsieur Jilali Bahiaoui Clavaire

 

 
Dernière modification : 23/05/2023
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