Présentation du livre Le Berry de la Renaissance
lors de la remise du prix 2019 de l’Académie du Berry,
le 28 septembre 2019, à La Châtre,
par Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix de l’Académie du Berry
Le Berry de la Renaissance, grand livre de trois-cent-une pages est paru aux éditions La Bouinotte en avril 2019, sous la direction de Philippe Goldman, attaché de conservation du patrimoine honoraire, Archives départementales du Cher, membre de la Société d’Archéologie et d’Histoire du Berry ; Xavier Laurent, directeur des Archives départementales du Cher, président de la Société d’Archéologie et d’Histoire du Berry ; et Jean-Pierre Surrault, agrégé, docteur en histoire, président de l’Académie du Centre. Quarante-six auteurs, chercheurs ont participé dans une soif de faire connaître la diversité des richesses du Berry de la Renaissance (vers 1480 – vers 1580).
Ce livre est préfacé par François Bonneau, Président de la région Centre-Val de Loire, par Michel Autissier, président du Conseil départemental du Cher et par Serge Descout, Président du Conseil départemental de l’Indre. C’est la juste reconnaissance d’un travail de grande qualité, contenant une mine de renseignements et ayant nécessité un long travail de préparation.
Il est paru en avril 2019, année des festivités proposées à l’occasion des 500 ans de la Renaissance en Centre-Val de Loire.
Les multiples aspects abordés prouvent la diversité de ce foisonnement culturel, artistique, scientifique, historique, littéraire. Nous admirons aussi les nombreuses illustrations, qui sillonnent ce livre, plans anciens dont celui de Bourges (p. 16), peintures, photos, sculptures, bas-reliefs, objets d’art, documents manuscrits, livres d’art, monuments, châteaux, maisons anciennes…
De l’incontournable palais Jacques Cœur aux trésors cachés des églises et châteaux, nous ne nous lassons pas de flâner au fil de ces pages. Bien sûr nous retrouvons des sites célèbres près d’autres lieux à découvrir.
L’histoire du Berry n’est pas oubliée avec des figures royales qui ont marqué le Berry de leurs empreintes : Jeanne de France (1464 – 1505), fille de Louis XI, épouse du duc d’Orléans, duchesse du Berry, Louis XII, Marguerite d’Angoulême (1492 – 1549), la duchesse d’Alençon, avant qu’elle ne devienne reine de Navarre (1526), la fille de François Ier et de Claude de France, Marguerite de Valois (1523 – 1574), duchesse de Berry et duchesse de Savoie
Dans le domaine religieux, de nombreuses pages sont consacrées à des édifices, églises, ornements liturgiques, stalles… Les troubles religieux de l’époque sont évoqués à travers Calvin, l’hécatombe de la Saint-Barthélemy et aussi l’empreinte laissée par Luther.
La vie culturelle, l’Université de Bourges très réputée sont présentées ; de nombreux humanistes venaient y étudier le droit romain, la littérature, la théologie, l’histoire, la poésie, le grec, hébreu… Rabelais a fait l’éloge de l’université de Bourges dans Pantagruel.
L’art évolue et les décors italiens deviennent à la mode. Après les escaliers à vis, apparaissent les escaliers à rampe avec décors (p. 30). La finesse des enluminures, des vierges de pitié (p. 33) témoignent de ce renouveau artistique présent aussi dans les maisons à pans de bois, les hôtels particuliers, les musées. Les cercles littéraires, les imprimeurs, les orfèvres sont décrits.
Philippe Goldman a décrit l’influence artistique italienne en Berry (pp. 49 à 53).
Dans le chapitre « Soins, médecine, hôpitaux et épidémies de « pestes » au temps de la Renaissance » (pp. 54 à 65), Jean-Pierre Surrault décrit les soins donnés par médecins et apothicaires ; il présente les remèdes de l’époque et les hôpitaux ressemblant plus à des hospices. L’aide des saints était implorée dont celle de saint Roch, très souvent représenté sur les statues (p. 63).
La vie religieuse est évoquée (1480 – 1580) dont celle du cardinal du Bellay, diplomate, et aussi à travers les représentations théâtrales des Mystères et de la Passion, le culte, les confréries, les saints dont saint Christophe.
Jean-Pierre Surrault présente ensuite l’empreinte des guerres de religion en Berry, les massacres de protestants, les bûchers, les troubles religieux et civils, les violences, les destructions d’églises, prieurés, abbatiales… (p 79).
Parmi les familles illustres, la vie des ducs et duchesses est évoquée dont Charles de France, duc du Berry (pp. 87 et 88) ; Jeanne de France qui fonda l’ordre de la Vierge Marie ou de l’Annonciade, présentée par Francesca Lacour (pp. 89 à 91) ; Marguerite d’Angoulême ; Marguerite de Valois protectrice des écrivains en particulier ceux de la Pléiade (p. 94).
Des personnages retiennent notre attention par exemple l’écrivain François Habert présenté par Lucien Lacour (p. 106) ou le peintre verrier castrais Guillaume de Marcillat (pp. 115 à 119). Pierre Remérand nous fait découvrir un précurseur de Rabelais, Charles Billon connu à Issoudun (pp. 139 à 141).
Partons maintenant près des hauts-lieux de la Renaissance. Bourges est à l’honneur avec l’évolution des maisons à pans de bois telle celle des Trois flûtes ou celle de la Reine blanche vers les maisons de pierre dont le célèbre hôtel Lallemant (pp. 145 à 149). Ailleurs, nous trouverons aussi des merveilles dont les édifices civils et religieux à Dun-sur-Auron dont la collégiale Saint-Étienne (aux confins avec le Bourbonnais) (pp. 164 et 165), les maisons de Sancerre (pp. 166 et 167), celles Renaissance de La Châtre décrites par Monique Delclaux (pp. 170 et 171).
La cathédrale de Bourges est aussi décrite de la fin du gothique flamboyant au début de l’âge classique, à travers ses vitraux, sa mise au tombeau en pierre polychrome… (pp. 179 à 182).
Philippe Goldman décrit les églises et couvents de Bourges à la Renaissance (pp. 185 et 186). Francesca Lacour présente le clocher de Saint-Martial à Châteauroux en style gothique flamboyant annonçant la Renaissance (pp. 190 et 191), et la chapelle d’Anjou à Mézières-en-Brenne (pp. 193 à 195).
L’hôtel-Dieu du musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun retient notre attention avec l’Arbre des Rois et l’Arbre des Prophètes, splendeurs par l’esthétique et la finesse des détails, immenses réalisations du sol au plafond, à deux angles de la chapelle de l’Hôtel-Dieu, véritable livre d’histoire religieuse (pp. 207 à 214).
Les châteaux d’Ainay-le-Vieil, de Meillant, de Valençay sont trois exemples des nombreux châteaux décrits.
Pour terminer le livre, sont présentés manuscrits enluminés, mobilier, stalles, musique à la Renaissance, archives de la Renaissance en Berry et le travail minutieux des lettrines.
Nous ne pouvons pas tout vous dire, tout vous décrire et nous devons vous laisser découvrir la richesse de ce livre dont nous n’avons jamais fini de feuilleter les pages tant nous avons de plaisir à y retourner avant de partir découvrir ou revoir ce patrimoine du Berry aux mille-et-un attraits…
C’est pourquoi, nous sommes heureux de remettre le prix 2019 de l’académie du Berry aux auteurs de ce livre, représentés par Jean-Pierre Surrault.
Catherine Réault-Crosnier.