Séance solennelle d'automne

Octobre 2007


SEANCE SOLENNELLE D'AUTOMNE


AINAY-LE-VIEIL



Le samedi 20 octobre 2007, l’Académie du Berry s’est réunie dans le très joli château d’Ainay-le-Vieil. Une lumière automnale claire et dorée, un accueil chaleureux de notre hôtesse -la Comtesse Xavier de Peyronnet- dans un cadre voulu raffiné : autant de paramètres qui ont contribué au succès de cette journée. Temple de la mémoire et du vivant, comme le souligna le Professeur Bazot, le site patrimonial d’Ainay s’avère être l’incarnation même de la quête de la permanence de l’Histoire : une quête de la permanence qui, élargie à celle de la culture, devait lier à la façon d’un fil conducteur, les différentes interventions de la journée.

Après un hommage touchant rendu à notre chère et fidèle doyenne, Alice Boutroux-Chevrier (reçue en septembre 1971, à l’Académie du Berry dont elle fut deux fois lauréate et membre du Haut-Conseil), le Docteur Catherine Réault-Crosnier remit le Prix Saint-Jean Bourdin à Gérard Coulon, pour l’ensemble de son œuvre : une production abondante et éclectique -bien que marquée par le grand succès de Voyage en Gaule romaine- largement médiatisée et publiée à des milliers d’exemplaires. La remise de ce Prix fut une façon d’honorer les efforts de cet archéologue, professeur d’Histoire passionné par la période gallo-romaine et conservateur en chef du Patrimoine, pour vulgariser l’histoire auprès d’un très large public, et en particulier, des jeunes. Occultant toue approche hermétique au profit d’une proximité de l’Histoire, éducative et attractive mais respectueuse de la vérité, Gérard Coulon confie privilégier sa soif de curiosité et son goût pour les recherches : autant de besoins vitaux qui l’incitent à aborder tous les thèmes le passionnant, dans une démarche émotionnelle et fusionnelle avec ses lecteurs.

La Comtesse de Peyronnet fut présentée par M. Jean-Claude Bonnet. Son itinéraire, fécond et atypique, la conduisit d’Ainay-le-Vieil vers de nombreux pays étrangers, en passant par La Sorbonne où elle obtint une licence de philosophie et y fut marquée par de grandes figures : Jean Guitton, Raymond Aron, le Père Lustiger… Après avoir enseigné la philosophie, étudié le russe et collaboré à l’ambassade du Cambodge, la nouvelle académicienne revient en France et, diplômée « guide interprète national », devient -en 1978- déléguée générale de la Route Jacques Cœur : « un ambassadeur extraordinaire » précisa M. Bonnet, « une avocate des belles et nobles causes » qui sut, grâce à la qualité de ses contacts internationaux, drainer dans le Cher, des groupes étrangers souvent prestigieux. Organisatrice d’animations historiques et culturelles, conférencière (tant en France, qu’en Europe ou aux Etats-Unis), déléguée de la Demeure Historique, cette efficace, enthousiaste et compétente animatrice du Patrimoine est également, depuis 1982, vice-présidente du Cercle Amical du Berry.

La Comtesse de Peyronnet émailla son discours sur le château familial d’Ainay-le-Vieil, des notions de continuité et de permanence, insistant sur le fait que l’homme, sans doute pour se sécuriser, construisait sur des lieux déjà investis par ses ancêtres : autant de sites historiques se superposant et puisant leurs sources dans les racines du passé. Propriété successive des Bourbons, des Barres, Sully, Culan et de Jacques Coeur jusqu’à la confiscation par Charles VII et le rachat par le seigneur Chevenon de Bigny (ministre de Louis XII), Ainay-le-Vieil s’inscrit bien dans le champ de la continuité. Il est la demeure d’une même famille depuis cinq siècles : une famille dont les descendants ont donné à ce site historique, une dimension contemporaine. Croisée avec la permanence, la modernité confère à cet espace, une fonction festive (avec la création en 1954 -deux ans après Chambord- d’un spectacle « son et lumière »), sociale (par le biais d’interactions avec la vie du village). A ces fonctions, s’ajoute la valorisation culturelle initiée par l’exposition « Colbert » dont la Comtesse rappela le contexte ainsi que les propos du conservateur de Versailles (rencontré à cette occasion), soulignant que les châtelains étaient devenus « les aventuriers du monde moderne ».

En homme de scène bien avisé, M. Georges Buisson nous éclaira avec virtuosité et lyrisme sur la personnalité, le parcours dense du pianiste concertiste et compositeur, Yves Henry. « Un homme fougueux et prometteur… Un pianiste talentueux connu dans les meilleurs salons, qui a sillonné l’Europe et traversé l’Atlantique pour se produire dans cette Amérique indissociable du souvenir de La Fayette… Un amateur de promenades à pied et de cimes neigeuses qui, dit-on, organise à Nohant, les menus plaisirs de Madame Sand… ». Le ton est donné, dans toute sa vivacité : M. Georges Buisson a choisi la fiction théâtralisée, en exploitant le charme de l’échange épistolaire entre une marquise et sa fille, pour métamorphoser sa présentation en un poétique miroir du portrait de ce grand pianiste qui donna son premier concert, à peine plus âgé que Mozart…

Co-directeur artistique des « Rencontres Internationales Frédéric Chopin » et des « Fêtes romantiques de Nohant » (le seul lieu où Chopin aura si copieusement composé), M. Yves Henry traita, avec brio, du lien intimement étroit entre les compositions de Chopin et l’évolution des sentiments de ce dernier. Il relata comment, après quelques succès assez mitigés, la rencontre -dans les années 1830- avec George Sand contribua à l’épanouissement puis à la maturité de son œuvre : une inspiration fertile puisée dans la fascination pour la femme créatrice que fut George Sand et dans la nature même, mais une nature -à Nohant- domestiquée, sécurisante… Alors qu’à Paris, Chopin (accaparé par ses cours) ne composait pas, il fit de Nohant, l’antre de la création de ses plus belles pièces et nous a légué cet héritage patrimonial, porteur d’une sensibilité inhérente au lieu et aux variations de l’intensité de ses passions…

Un vin d’honneur acheva dans la convivialité, cette riche journée.

 
Dernière modification : 17/08/2012
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